"L'acquisition de Publicis se fait à un moment opportun"

La Tribune.- Le rachat de Bcom3 par Publicis vous semble-t-il pertinent d'un point de vue stratégique ?Nicolas Gindre.- Oui. Premièrement, l'acquisition se fait à un moment opportun : le cycle publicitaire semble avoir touché le fond sans qu'on en ait pour autant l'assurance. Les niveaux de valorisation suggérés par la transaction sont donc plutôt raisonnables et n'intègrent pas le potentiel de relèvement des marges que génère la reprise. Deuxièmement, le groupe français double sa taille et comble ainsi son retard par rapport aux trois premières agences mondiales. Ce rattrapage est donc propice à un revalorisation du titre en Bourse. A titre indicatif, appliquer à Publicis les multiples atteints en moyenne par WPP, Interpublic et Omnicom en 2002 suggérerait un cours de 43 euros. Dans ce contexte, l'appréciation du caractère relutif ou dilutif de l'opération ne revêt qu'une importance mineure. L'investissement sera-t-il néanmoins rentable ?Publicis a confirmé ses objectifs de marge d'Ebit et d'Ebitda de respectivement 15 et 18% pour 2003. Bien qu'ambitieux, ces objectifs semblent atteignables au regard du mix géographique complémentaire entre les deux groupes et des synergies de coûts provenant entre autres de la création de la deuxième force mondiale dans le métier de conseil et d'achat d'espaces. Cette fusion préfigure-t-elle une nouvelle phase de consolidation ?Tous les acteurs qui ne figuraient pas parmi le peloton de tête avaient besoin d'opérations d'envergure. Publicis vient de réaliser la sienne. Désormais les autres acteurs en voie de "marginalisation" se doivent de réagir. Il sera intéressant de voir la réaction d'Havas Advertising. Le groupe peut désormais disposer d'un double statut: celui de cible et celui de prédateur. Le premier nous semble peu fondé dans la mesure où le processus de consolidation dans l'industrie a au moins une limite : les conflits d'intérêts entre clients. Un scénario de consolidation au sein des cinq-six premières agences publicitaires mondiales est donc selon nous improbable. Moins improbable est sans doute de s'attendre à une réaction rapide d'Havas. Il existe donc un réel potentiel boursier pour le secteur ?Le segment des agences publicitaires a bénéficié de signes d'amélioration du cycle publicitaire aux Etats-Unis. Le caractère spéculatif lié au processus de consolidation vient maintenant s'y ajouter. Doublement alimenté, le rebond du secteur est légitime. D'une façon générale, le momentum d'investissement dans les valeurs médias est plutôt favorable. Propos recueillis par Olivier Decarre
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.