"Mieux vaut ramener les survaleurs à zéro"

Parmi les derniers événements, quels sont ceux qui influent le plus sur le marché obligataire ?Maurice de Boisséson : Le marché obligataire reste sous l'emprise de la crise de confiance des comptes des sociétés dans le sillage de l'affaire Enron. La méfiance reste de mise pour les sociétés ayant recours aux montages déconsolidants, masquant l'étendue de la dette, comme celles réalisant des montages d'autocontrôle gonflant leurs fonds propres. L'affaire Global Crossing a montré que des actifs inscrits au bilan pour 22 milliards de dollars ont été liquidés à un prix ne dépassant pas 1,3 milliard. Dans ces conditions, pour un analyste, mieux vaut tirer un trait sur les survaleurs et les ramener à zéro. Cette crise de confiance à propos des comptes rejaillit aussi sur les fusions-acquisitions qui pâtissent des incertitudes relatives aux hors-bilan des sociétés éventuellement cibles. On sait ainsi que les passifs sociaux bloquent les rapprochements des sidérurgistes aux Etats-Unis.La mondialisation est une donne importante ?Oui, mieux vaut être créancier dans une industrie qui a achevé son processus de consolidation comme celle des fabricants de pneus ou des compagnies pétrolières. Les acteurs des industries en voie de consolidation peuvent être déstabilisés par leur course à la taille critique comme dans l'automobile, où il reste trop de concurrents. On peut aussi privilégier les secteurs qui resteront en dehors du processus de mondialisation comme la banque de dépôt. En Argentine et en Croatie, on a vu des banques occidentales lâcher leurs filiales locales. A l'inverse, il n'y a pas eu de faille dans la solidarité à l'échelon national pour secourir la SchmidtBank en Allemagne ou Bipop Carire en Italie. La banque de dépôt reste conditionnée par son contexte économique et réglementaire national.Vaut-il mieux être créancier des filiales ou de leur maison-mère ?Globalement, les agences de notation appliquent le principe de subordination qui veut que les filiales ne puissent être mieux notées que les mères. Ce n'est plus si simple et je préfère Cegetel à Vivendi Universal. De même, la crise Argentine a montré que les Etats pouvaient être plus fragiles que les sociétés. Mais, là aussi, les agences de notation tardent à prendre en compte cette réalité. Propos recueillis par Christophe Tricaud
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