Besoin de grand R

La Récession est morte, vive la Reprise ! Tel est le refrain entonné vendredi avec un bel enthousiasme par les investisseurs, sur le Vieux Continent mais plus encore de l'autre côté de l'Atlantique. Las des mauvaises nouvelles, des tergiversations des statistiques macro-économiques qui jouaient avec leurs nerfs depuis des mois, alternant clairs signes d'amélioration et indications inquiétantes de rechute possible, ils ont brutalement changé leur fusil d'épaule, décidé de chausser leurs lunettes roses et de jeter aux orties les consignes de prudence de leur oracle autrefois vénéré, j'ai nommé Alan Greenspan. Après avoir joué à se faire peur avec un grand E comme Enron, le logo du courtier en énergie ornant la une de tous les journaux américains et hantant l'esprit de tous les grands gérants, un grand M comme maquillage de bilan et un grand W comme write-off ou dépréciation d'actifs, les investisseurs avaient donc besoin de changer d'R, ce qu'ils ont trouvé en prenant le pouls de l'économie américaine au travers d'une batterie de données (activité industrielle, dépenses de consommation, de construction, etc.) convergentes, rassurantes, nettement meilleures que prévu, bref étonnamment bonnes et aboutissant à une seule et même conclusion : la Reprise est au coin de la rue !Attention, la rengaine a déjà joué des tours ! Au président Hoover, qui avait avancé ce pronostic bien aventureux au printemps 1930, alors que l'Amérique s'enfonçait dans la Grande Dépression... Sans dramatiser la situation à outrance, il est préoccupant de constater que les marchés ne voient que ce qu'il veulent bien voir. Ainsi de ces économistes qui, pour faire oublier la seule donnée statistique un peu sombre dans ce bel ensemble rose bonbon, la dégradation de la confiance des ménages américains, la juge typique des périodes de renversement de tendance de la conjoncture ... La saison des publications de résultats étant quasi terminée, les marchés, qui n'ont finalement rien d'autre à se mettre sous la dent, vont continuer cette semaine de battre sur l'air du "reprise, es-tu là ?", les investisseurs restant les yeux rivés sur de nouvelles statistiques en rafale, avec en bouquet final le sacro-saint chiffre de l'emploi vendredi. S'il devait être moins bon que prévu, gare ! Un voile gris pourrait venir ternir la belle humeur des opérateurs...
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