Le président de la SEC démissionne

Les médias américains s'en faisaient l'écho depuis plusieurs jours : l'administration Bush souhaitait le départ d'Harvey Pitt aussitôt tournée la page des élections de mi-mandat. Le président de la Securities & Exchange Commission, fidèle de George W. Bush, a obéi le petit doigt sur la couture du pantalon : cinq minutes à peine après la fermeture des bureaux de vote sur la côte Est, il rendait publique sa lettre de démission - "à grand regret" - adressée au Président. "Plutôt que d'être un fardeau pour vous ou pour l'agence [la SEC, ndlr], j'estime que mon départ à cet instant est dans l'intérêt de tous, afin de permettre à l'agence de poursuivre les efforts importants que nous avons entrepris", écrit-il notamment au Président, après avoir évoqué "la tourmente" qui a entouré sa présidence.La Maison-Blanche a immédiatement accepté son départ, tout en démentant l'avoir provoqué. Cette démission est pourtant un soulagement pour l'équipe Bush. Nommé en août 2001, Harvey Pitt, avocat d'affaires alors âgé de 56 ans, n'est jamais parvenu, en quinze mois, à diriger solidement l'autorité de contrôle des marchés financiers, alors même que Wall Street traversait l'une des pires crises de son histoire. Les attentats du 11 septembre ont constitué une entrée en matière terrible, mais les scandales financiers qui ont suivi, avec les faillites d'Enron et de WorldCom, la mise en cause de plusieurs grandes banques d'affaires de la place ou "l'affaire" Martha Stewart ont fortement ébranlé la confiance des investisseurs américains et internationaux, sans que la réponse de la SEC soit jamais jugée à la hauteur. Dernier scandale en date : l'élection par un comité ad hoc il y a dix jours de l'ancien directeur du FBI et de la CIA William Webster à la présidence d'un nouveau comité de supervision de la profession comptable. Quelques jours avant son élection, ce dernier avait révélé à Harvey Pitt qu'il était administrateur d'une société cotée contre laquelle des actionnaires avaient porté plainte pour fraude. Le président de la SEC avait gardé l'information pour lui, alors même qu'elle était, à l'évidence, susceptible d'influencer le résultat du vote. Après la révélation de l'affaire, l'opposition démocrate avait sauté sur l'occasion, à quelques jours des élections, réclamant une enquête sur la nomination de Webster.Finalement renforcée par les élections (lire ci-contre), l'équipe Bush devra donc vite trouver un successeur à Harvey Pitt, afin de poursuivre les enquêtes et les réformes à Wall Street. Parmi les noms évoqués pour reprendre les rènes de la SEC figurent ceux de plusieurs juristes réputés, dont certains travaillent déjà pour la commission. La plupart passent pour des fidèles du président américain.
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