De la friture sur la ligne Paris-Berlin

On imagine la joie du chancelier Gehrard Schröder. Au moment même où le candidat social-démocrate à sa réélection remonte dans les sondages, faisant enfin oublier son désastreux bilan en matière de chômage, Paris contraint un opérateur de téléphonie mobile du Schleswig-Holstein au dépôt de bilan. Résultat: au moins 5.000 chômeurs potentiels de plus. Merci la France.Lundi matin, Gehrard Schröder a donc fort logiquement décroché son téléphone pour appeler son "ami Jacques" au Palais de l'Elysée. Le président français s'est vu réclamer "une solution juste". Traduction : des sous.Car le chancelier allemand a des élections à gagner, pas plus tard que dimanche, et une maigre avance dans les intentions de vote qu'il n'entend pas se laisser grignoter. Habitué à jouer les "zorros" sauveurs d'entreprise, Gehrard Schröder a donc débloqué 400 millions d'euros pour MobilCom dès dimanche. En espérant que le résultat pour lui sera plus heureux que la maladroite éviction de Ron Sommer, ex-patron de Deutsche Telekom, ou que l'immixion guère plus réussie dans le sauvetage du géant du BTP Philip Holzmann.A Paris, certains ne voient dans les derniers événements qu'une sorte de juste retour des choses. France Télécom laisse aujourd'hui MobilCom à son triste sort, comme hier Deutsche Telekom avait abandonné l'opérateur français au milieu du gué.Mais si la tension entre les deux capitales est réelle sur ce dossier délicat, la volonté d'éviter l'escalade n'en est que plus remarquable des deux côtés du Rhin. A Paris, on évoque des contacts "à tous les niveaux de l'Etat" mais on précise que "le dossier est traité par les entreprises". Berlin veut rappeler l'Etat français à ses devoirs d'actionnaire, mais sans faire pression avec trop de véhémence (Edmund Stoiber, l'adversaire conservateur de Gerhard Schröder, s'abstient d'ailleurs de toute surenchère en la matière).C'est dans les deux cas une volonté perceptible de ne pas insulter l'avenir. Car, après les élections, il faudra continuer de gouverner ensemble. Et demeurer capable d'affronter solidairement des crises bien plus grave que la faillite, aussi douloureuse soit-elle, d'un opérateur de télécoms.
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