Lagardère convoite les éditions françaises de Vivendi

Ayant largement anticipé les résultats semestriels, jugés non-significatifs, de Lagardère, le marché guettait surtout les positions du groupe sur quelques dossiers brûlants: Canal Plus, Vivendi Universal Publishing et le marché publicitaire américain. Lundi matin, la direction répond aux attentes et expose ses perspectives au cours de la réunion de présentation.Arnaud Lagardère, co-gérant du groupe, analyse ainsi la tendance observée sur le marché de la publicité aux Etats-Unis. Il estime que "les perspectives d'un redressement sensible de la conjoncture publicitaire américaine avant la fin de l'année paraissent réduites". Dès lors, étant donné que le pôle médias entend réduire ses coûts et poursuivre sa croissance dans un marché publicitaire morose, l'acquisition de la chaîne Canal Plus n'est plus à l'ordre du jour. "Il n'est pas question pour le groupe de se retrouver avec une participation encore plus minoritaire dans un ensemble plus vaste", a déclaré Arnaud Lagardère, faisant référence au groupe Canal Plus en cours de constitution. "Il n'est pas question de se retrouver dans un ensemble où on contrôlerait 15%". A propos de la chaîne en elle-même, Lagardère "a pris la décision avant l'été de ne pas y aller et, à ce jour, nous n'avons pas changé d'avis". Lagardère détient 34% de CanalSatellite et 27,4% de Multithématiques, deux actifs du groupe Canal Plus. Le papier plutôt que la télé: Lagardère préfére faire une offre sur les éditions françaises de Vivendi Universal. Une offre solitaire semble-t-il, puisque, évoquant la reprise de ce secteur édition avec des fonds d'investissements, Arnaud Lagardère a indiqué : "Nous ne sommes pas des financiers, ce n'est pas notre vocation de faire partie d'un tel ensemble". Le projet de Lagardère semble aller à l'encontre des souhaits de VU, qui entendait céder son pôle édition VUP de manière globale. Cependant les inquiétudes, y compris politiques, concernant le devenir des grandes maisons françaises détenues par le groupe (Larousse, Laffont, Plon, le Robert, Nathan, Bordas, Dalloz...) devraient amener Vivendi à assouplir sa position.Enfin, Lagardère a confirmé son objectif d'une progression annuelle du résultat d'exploitation dans les médias "proche en pourcentage de celle enregistrée au cours du premier semestre de l'exercice", soit 7%.Le semestre qui vient de s'écouler a été particulièrement difficile pour Lagardère, en raison d'une conjonction d'éléments exceptionnels qui font, au total, plonger le bénéfice net consolidé à 104,2 millions d'euros contre 404,1 millions au premier semestre 2001. Le résultat financier affiche une perte de 183 millions d'euros. Principaux exceptionnels responsables de cette situation: tout d'abord une provision pour dépréciation des titres du fournisseur d'accès allemand T-Online pour 132 millions. De plus, en 2001, le résultat financier avait inclus une plus value de cessions de titres EADS pour 210 millions d'euros. Un exceptionnel qui ne figure plus en 2002 dans les comptes. Hors ces événements non-récurrent, la perte financière de Lagardère hors EADS reste stable à 23 millions d'euros.Il faut de plus ajouter à ce résultat financier une perte exceptionnelle de 9 millions d'euros. Celle-ci inclut, d'une part les coûts des plans d'économies visant les activités médias et Matra Automobile, cette dernière filiale subissant la fin de vie de son modèle-phare, la Renault Espace. Et d'autre part un effet de base défavorable, puisqu'en 2001 EADS avait affiché un bénéfice exceptionnel lié à la création d'Airbus SAS, profit qui n'est plus comptabilisé en 2002.Principal responsable des éléments exceptionnels, la filiale EADS pèse donc lourdement sur les comptes de Lagardère au premier semestre. Ainsi hors aéronautique, le résultat net consolidé part du groupe est en hausse de 21,7% à 96,9 millions d'euros, contre 79,6 millions l'an dernier. EADS contribue ainsi à 50 millions d'euros au résultat d'exploitation (Rex) global de Lagardère. De son côté, le pôle "Lagardère Media" enregistre une progression de 7,3% de son Rex à 143 millions d'euros, et le pôle "automobile" enregistre une baisse de son Rex à 27 millions d'euros contre 38 millions l'année dernière. Cette baisse est due, selon le groupe, à "une réduction de l'activité commerciale enregistrée sur l'Espace, ainsi qu'au lancement très progressif de l'Avantime". Au total, le Rex consolidé de Lagardère s'élève à 208,3 millions d'euros, en progression de 6%.La prédominance des éléments exceptionnels rend les chiffres semestriels finalement peu significatifs, et sans surprise, voire même un peu meilleurs que prévu. Les analystes interrogés par Reuters attendaient en effet un résultat d'exploitation stable à 197 millions d'euros et un résultat net en très forte baisse sur le semestre pour l'ensemble du groupe. Dans la branche médias, le résultat d'exploitation était également anticipé pratiquement stable à 139 millions.L'action a démarré la semaine en hausse. Lundi en clôture, le titre gagne 1,50% à 37,30 euros. Il a perdu 21% depuis le début de l'année.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.