"La prudence est de rigueur sur l'euro"

"La Tribune". Le résultat du premier tour de la présidentielle a eu peu d'impact sur l'évolution de l'euro. N'est-ce pas surprenant ?Philippe Ithurbide. Ce n'est pas trop surprenant dans la mesure où la France n'est finalement "qu'une" composante de l'euro. Cela montre à quel point l'union monétaire est de nature à protéger les différents pays face à un choc politique important... et à quel point également la France est un élément parmi les autres, ni plus, ni moins. En outre, la remise en cause de l'UEM n'est absolument pas dans le programme du très très probable futur président, J. Chirac. En revanche, l'absence quasi totale de réaction des marchés français dans leur ensemble (pas de véritable recrudescence de volatilité, pas de fléchissement de la Bourse, un très faible élargissement du spread OAT/bund) peut paraître plus surprenante.A l'époque du franc, un tel séisme dans la vie politique française aurait eu un effet retentissant sur les parités ?Sans aucun doute ! Un séisme politique de cette ampleur aurait fait craindre à coup sûr un abandon de la politique du franc fort, un abandon de la rigueur budgétaire... bref, un rejet brutal et total de la politique menant à l'UEM. Nous avons tous encore en mémoire les périodes d'attaques sur le franc ou d'envolée du spread OAT/bund lors des périodes de doutes des investisseurs quant à la volonté politique de bâtir l'UEM.Face au risque évident d'élections triangulaires au second tour des législatives, l'euro court-il le risque d'être pénalisé ?Il est difficile de rester haussier sur l'euro à court terme dans un tel contexte. Ce risque politique intervient au moment même où le marché des changes est un peu "long" sur l'euro, et tout cela dans un contexte de faible volatilité et d'accroissement des sorties nettes de capitaux. C'est cela qui est sans doute le plus inquiétant au regard de la configuration actuelle des marchés. De là à considérer que cela pourrait être un détonateur favorisant un effondrement de la monnaie européenne... probablement pas ! Mais les incitations à solder des positions longues ne manqueront pas de se manifester au fur et à mesure où le risque sera mieux cerné ou dans le cas où ce risque précisément sera difficile à cerner. La prudence s'impose donc sur l'euro.
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