Satisfecit pour la compétitivité française

Vrai déclin ou polémique stérile ? La question de la compétitivité de la France alimente régulièrement, à la faveur de la publication de classements parfois contradictoires, le débat politique. Un rapport réalisé sous l'égide du Conseil d'analyse économique (CAE) cherche à établir un diagnostic dépassionné et présente quelques recommandations destinées à améliorer la compétitivité de l'Hexagone.Les auteurs de ce rapport, Michèle Debonneuil et Lionel Fontagné, ont pris comme point de départ une définition de la compétitivité d'une nation, celle usuellement retenue par les organismes internationaux, à savoir "la capacité à améliorer et accroître durablement le niveau de vie de ses habitants". A partir de là, les auteurs de ce document jugent que les classements fondés sur des indicateurs composites de compétitivité, tel celui établi par le World Economic Forum de Davos (WEF) reposent sur des bases théoriques trop fragiles pour qu'on leur accorde quelque crédit. En novembre dernier, le WEF avait rétrogradé la France au 30ème rang de la compétitivité entre la Hongrie et la Thaïlande. A la suite de la publication de ce classement, Jean-Pierre Raffarin avait stigmatisé un "retard" de la France. Michèle Debonneuil et Lionel Fontagné décèlent au contraire des éléments positifs puisque "le niveau de vie des Français (...) ne se distingue pas fondamentalement de celui des autres grands pays industrialisés de l'Union européenne". Le rapport souligne les performances commerciales satisfaisantes de la France avec notamment le maintien de la part de marché mondiale en produits manufacturés sur une longue période dans un contexte d'émergence de nouveaux concurrents, et ce contrairement à l'Allemagne ou aux Etats-Unis. Bonne commerçante, la France est aussi attractive pour les investisseurs étrangers. Ces derniers représentent "17% de la production et 15% de l'emploi" en France, tous secteurs confondus. L'Hexagone se situe au deuxième rang mondial en termes de volume d'investissements étrangers avec 52,4 milliards d'euros, derrière la Chine (environ 55 milliards) et devant l'Allemagne (40,4 milliards) et les Etats-Unis (32,4 milliards). Pas question néanmoins de verser dans l'optimisme béat. Les auteurs du rapport jugent que sur certains points la France peut améliorer son attractivité. Ils pointent notamment du doigt le niveau très élevé de l'impôt sur les sociétés. En France, le taux légal de l'IS est de 36,4% alors que la moyenne européenne est à 32%. Dans ce contexte, le rapport préconise une réduction de l'impôt sur les société pour revenir dans la moyenne de l'Union européenne. Les auteurs prônent aussi la mise en place, comme cela ce pratique ailleurs en Europe, d'un statut fiscal pour les "impatriés", à savoir les expatriés des pays étrangers travaillant en France. Enfin, les auteurs du rapport insistent sur la nécessité de renforcer l'harmonisation fiscale en Europe et se déclarent "hostiles à la concurrence fiscale entre Etats européens, qui porterait atteinte au modèle social européen".
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