Fragile embellie du moral des Français

A l'instar des Américains mais avec une moindre ampleur, les Français réagissent positivement à la fin de la guerre en Irak. Leur moral s'est redressé en avril, de 3 points, pour revenir à -29. Après trois mois consécutifs de repli, cette hausse traduit notamment une perception plus positive des conditions économiques futures.La chute du régime irakien, la baisse des cours du pétrole et son impact positif sur l'inflation sont autant de facteurs qui ont sans doute contribué à la légère amélioration du sentiment des ménages. Cependant, cette embellie est fragile et la confiance des Français risque d'être mise à rude épreuve dans les mois qui viennent.La dégradation continue du chômage - le nombre de chômeurs a grimpé de 1% en mars, portant le taux de chômage à 9,3% - devrait miner le moral des consommateurs. L'économie française tourne au ralenti: au quatrième trimestre 2002, le produit intérieur brut s'est contracté de 0,1% (lire ci-contre) et dans l'industrie, les patrons broient du noir et n'envisagent pas de reprise rapide de l'activité.Dans ce contexte, le Premier ministre est au diapason des Français, faisant lui aussi preuve d'optimiste. Alors que de nombreux économistes commencent à juger illusoire l'objectif d'une hausse du PIB de 1,3% cette année, Jean-Pierre Raffarin maintient que l'économie française affichera fin 2003 un rythme de croissance de 2,5%, ce qui suppose une franche accélération de l'activité au deuxième semestre.Il faudrait notamment pour cela que les investissement des entreprises retrouvent leur dynamisme et que les consommateurs continuent de soutenir l'activité par leurs achats. Or, l'un des enseignements de l'enquête de ce matin sur le moral des ménages, c'est que ces derniers portent un regard plus favorable sur l'évolution future du chômage qu'en mars, et jugent la situation actuelle plus propice à l'épargne de manière générale, leur opinion sur leur propre capacité future à épargner se redressant un peu. La hausse du chômage et le débat sur la réforme des retraites risquent d'encourager un peu plus ce mouvement au détriment de la consommation.
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