Le déficit budgétaire français continue de se creuser

La volonté affichée du gouvernement de ne pas laisser filer les déficits publics risque bien de se heurter au dur principe de réalité. Les chiffres publiés ce matin par Bercy sur la situation budgétaire de l'Etat en janvier sont à cet égard assez édifiants. Le déficit du budget s'est élevé à 9,51 milliards d'euros, soit 3,5 milliards de plus qu'en janvier de l'année dernière. Ce dérapage s'explique par un double pénomène: dans un contexte où ses recettes ont reculé de 9,9%, l'Etat n'a pas réduit son train de vie, bien au contraire puisque que les dépenses ont progressé de 7,3%. Le ministère de l'Economie tente néanmoins de relativiser la portée de ces données en insistant sur le fait "qu'à ce stade de l'exécution budgétaire, les comparaisons d'une année à l'autre n'ont aucune pertinence, car les aléas pesant sur les recettes et les dépenses (décalages calendaires, versement ponctuels, etc.) prennent d'autant plus d'importance que les masses en jeu sont faibles". En janvier, les dépenses du budget général atteignaient 22,1 milliards d'euros, contre 20,6 l'an dernier à la même époque : "A ce stade de l'année, précise encore Bercy, cet écart ne peut donner lieu à interprétation. Il résulte de calendriers différents d'un an sur l'autre de certains versements". Les recettes ont été de 14,65 milliards en janvier, contre 16,26 en janvier 2002. "Cet écart, précise Bercy, tient à des phénomènes ponctuels, notamment à une accélération temporaire des prélèvements sur recettes affectés aux communautés européennes", qui augmentent de 19,6% en glissement annuel. Malgré tout, ces chiffres tombent à un bien mauvais moment pour le gouvernement et notamment pour le ministre de l'Economie et des Finances. Francis Mer doit rencontrer aujourd'hui et demain ses homologues européens à Bruxelles pour les convaincre que la France n'est qu'à la limite du "déficit excessif" pour lequel Paris pourrait faire l'objet d'une procédure de sanctions. La France a indiqué lundi à Bruxelles que les administrations publiques (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) a atteint 3% du PIB en 2002, un chiffre arrondi, la valeur exacte étant de 3,04%.Cette estimation pourrait être d'ailleurs très nettement revue à la hausse par les économistes de la Commission européenne. Les experts d'Eurostat, l'office des statistiques de la Communauté, jugent que les dotations en capital versées par le gouvernement français à Réseau Ferré de France (RFF), soit 1,4 milliard d'euros en 2002, sont susceptibles d'être intégrées au déficit. Celui-ci passerait alors allègrement la barre des 3% (lire ci-contre).
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