Une chose est sûre : le Premier ministre n'est pas servi par les circonstances. Il vient lui-même d'en prendre acte, en annonçant que la croissance ne dépasserait pas 1,3% cette année. La guerre avec l'Irak, désormais imminente, va redéfinir l'horizon de l'économie mondiale. Pour l'éclaircir, souhaitons-le. Mais ce pourrait être aussi pour l'assombrir.Et dans ce contexte pour le moins difficile, pas question de laisser filer le déficit public: il était déjà, selon Eurostat, à 3,1% du PIB et donc hors des clous européens fin 2002. Il sera sans doute de l'ordre de 3,4% en 2003. Cela expose la France à d'hypothétiques sanctions en 2005. Cela lui rend surtout impossible tout soutien significatif de l'économie à l'aide de la dépense publique.Que peut faire un gouvernement privé d'une telle marge de manoeuvre et par ailleurs engagé par ses propres promesses à des réformes aussi ambitieuses que la décentralisation, la sécu ou les retraites ?A sa manière, le chancelier Schröder vient de donner la réponse voici quelques jours en annonçant de douloureuses mises à jour de la protection sociale : il a bravé son impopularité, déjà substantielle pourtant. Tout nouveau ministre des Finances israélien, Benyamin Netanyahou fait la démonstration que quelques années d'éloignement du pouvoir n'ont pas développé son sens de la nuance. Trop de fonctionnaires ? Il annonce les licenciements par milliers. Trop chers ? Il abaisse les salaires de 8%. Un souci du côté des retraites ? Les Israéliens devront travailler jusqu'à 67 ans...Jean-Pierre Raffarin n'a pas la tâche facile, mais il est permis de supposer qu'il n'échangerait pas volontiers sa place avec celle du chef du gouvernement de l'Etat hébreu. Ni, probablement, avec celle du Chancelier allemand. Malgré sa chute récente dans les sondages, l'hôte de Matignon conserve tout de même 52% de bonnes opinions.Mais il lui reste, comme eux, à se montrer capable de trancher, de choisir, donc de déplaire. Le succès est à ce prix.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:17

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