L'industrie française sort peu à peu de la crise

Le scénario d'une reprise lente en Europe se confirme. L'enquête trimestrielle de l'Insee dans l'industrie fait ainsi état d'une "amélioration progressive de la conjoncture industrielle". Elle semble ainsi aller dans le sens des nombreuses enquêtes mensuelles réalisées en France et dans la zone euro auprès des chefs d'entreprise. Au troisième trimestre, la demande a donc évolué favorablement dans l'industrie. Le solde d'opinion entre les visions positives et négatives de l'évolution de cette demande est ainsi passé de -22 en juillet à -14 en octobre. Une évolution favorable, surtout notable dans l'automobile (amélioration du solde de 14 points à -5) et dans les biens d'équipement (amélioration de 23 points du solde à -2). Autant d'éléments qui montrent un certain frémissement de la demande. Mais la prudence doit rester de mise, car le solde global d'opinion reste négatif, signe que la tendance n'est pas encore à l'expansion. Cette prudence s'impose d'autant plus que la part de la demande étrangère dans cette amélioration est très importante. Ainsi, le solde d'opinion concernant la tendance passée de la demande étrangère passe de -11 à 2. Pour la première fois depuis avril 2002, les industriels remarquant une amélioration de la demande externe sont plus nombreux que ceux remarquant une dégradation. Le solde passe notamment dans le vert dans le domaine des biens d'équipement (+17 en octobre contre -20 en juillet, du jamais vu depuis trois ans) et dans l'automobile (+14 contre -4). On le voit donc encore une fois, l'industrie française, comme ses voisines, est incapable de créer sa propre demande et l'impulsion vient d'ailleurs, principalement des Etats-Unis. Et les industriels, comptant sur une poursuite de la vigueur de la croissance américaine, se veulent optimistes. Ainsi, concernant l'évolution de la demande globale, les optimistes dépassent les pessimistes avec un solde de 2 en octobre contre -11 en juillet. Il faut, là aussi, remonter à avril 2002 pour retrouver une telle espérance. Mais là encore, les industriels s'appuient d'abord sur l'hypothèse d'une impulsion extérieure. Le solde concernant la tendance future de la demande étrangère passe ainsi de -10 à 8. Pour le moment donc, les Français devront attendre pour récolter les fruits de la croissance du reste du monde. Les industriels français ne se lanceront en effet pas dans une période de réinvestissement massif. Le taux d'utilisation des capacités de production est en effet encore faible et progresse peu : 83,1% en octobre contre 83% en juillet. Du coup, l'emploi attendra également: le solde d'opinion concernant l'évolution de l'emploi se dégrade d'un point en octobre à -21. Evariste Lefeuvre, économiste chez CDC-Ixis, le souligne donc: "l'amélioration du climat des affaires ne va donner lieu à aucune reprise solide et forte à court terme car les sociétés vont poursuivre leurs ajustements". Si elle commence à devenir une donnée dans l'esprit des chefs d'entreprise, la reprise restera donc très progressive et surtout, dans l'immédiat, peu créatrice d'emplois dans l'Hexagone.
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