Raffarin veut mobiliser les chefs d'entreprise

Intervenant dans le cadre de l'assemblée générale de son organisation, à Tours, le président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, qui a été élu mardi pour un deuxième mandat, a demandé au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de libérer "toutes les énergies du pays" pour créer "le sursaut". Pour cet événement inhabituel - c'est la première fois qu'un chef de gouvernement participe à une assemblée générale de l'organisation patronale - le président du Medef n'a pas mâché ses mots. "Nous attendons de vous, monsieur le Premier ministre, que vous libériez toutes les énergies du pays, nous attendons de vous le sursaut", a-t-il lancé. "Vous avez, Monsieur le Premier ministre, sifflé ces derniers mois la fin de la récréation, mais vous n'avez pas encore convaincu la France qu'elle devait se remettre au travail", a ajouté la président du Medef. Répondant aux voeux de l'organisation patronale, Jean-Pierre Raffarin a déclaré, dans son allocution, que la fiscalité des entreprises françaises serait "ramenée dans la moyenne européenne au cours des cinq prochaines années". "Les baisses de charges seront poursuivies", a-t-il également réitéré. Prendre en compte tous les paramètres pour réformer les retraitesAbordant le sujet des retraites, le chef du gouvernement a estimé que leur réforme ne devait "pas se focaliser sur un seul paramètre, qu'il s'agisse du taux de cotisations, du taux de remplacement ou de la durée de cotisations. Il faut dialoguer autour de plusieurs scénarios et inscrire les décisions dans la durée. Regardons en fonction de la démographie, en fonction peut-être de notre réussite sur le travail", a précisé le Premier ministre, qui a ajouté: "nous sommes déterminés à faire un pas décisif avant l'été, en écoutant les uns et les autres. Nous ne voulons pas opposer les uns aux autres, nous voulons les rassembler dans un projet commun, et je crois que c'est possible".Les trois grands leviers d'action pour une réforme des retraites portent sur la durée des cotisations - certains préconisant l'alignement du public (37,5 ans) sur celui du privé (40 ans) -, le montant des cotisations et, au final, celui des prestations servies aux retraités. Mais le président du Medef a clairement indiqué qu'il n'était pas question d'envisager une hausse des cotisations. "Il faut se préparer à travailler cinq ans de plus pour une retraite à taux plein", a-t-il affirmé dans un entretien au quotidien La Nouvelle République du Centre-Ouest, publié ce mardi. Le dirigeant de l'organisation patronale réclame également un système complémentaire et incitatif de capitalisation.Le Premier ministre a en outre indiqué qu'il importait d'aboutir sans tarder sur le dossier de la formation professionnelle. "C'est une demande forte que je vous adresse, ne laissez pas passer 2003 sans cette grande avancée sociale dont notre pays a besoin", a-t-il souligné. Un sujet cher au président du Medef, qui s'est fait le chantre du dialogue social et a d'ailleurs invité les syndicats à négocier sur la formation professionnelle dès le 22 janvier."Il manque un point de croissance à la France"Revenant sur ses prévisions de croissance pour 2003 - jugées trop optimistes par les économistes - Jean-Pierre Raffarin a souligné : "si j'ai choisi une hypothèse de croissance de 2,5%, c'est parce que, délibérément, je n'ai pas voulu jouer les cartes du pessimisme, de la déprime, voire des peurs mondiales que la France, partout, combat". Il a toutefois tempéré ces propos en ajoutant que les "bruits du monde" lui inspiraient la plus grande prudence en matière économique et budgétaire. Pour faire face aux incertitudes, Jean-Pierre Raffarin a demandé à son ministre délégué au Budget, Alain Lambert, de constituer des "réserves de précaution" et des "réserves d'innovation". Les réserves de précaution - soit les gels de crédits budgétaires de 3 à 6 milliards d'euros annoncés par Alain Lambert sur les dépenses 2003 - doivent permettre "d'anticiper les difficultés", tandis que les réserves d'innovation visent à "profiter des opportunités". Le Premier ministre a estimé par ailleurs qu'il manquait un point de pourcentage de croissance à la France par rapport aux Etats-Unis. "Notre croissance a été depuis le début des années 1990 inférieure à 2% alors qu'elle atteignait 3% aux Etats-Unis. Il nous manque un point de croissance", a-t-il affirmé.
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