Rebond de la production industrielle en juin

La France a-t-elle touchée le fond au milieu du trimestre dernier ? L'hypothèse, soutenue par de nombreux économistes, semble confirmée par les deux données statistiques parues aujourd'hui. Ainsi, la production industrielle hexagonale a progressé en juin de 1,2% sur un mois. Un chiffre nettement supérieur aux attentes des économistes puisque le consensus Reuters prévoyait une hausse mensuelle de 0,7%. Sur un an, le recul, attendu à -1,6%, est donc moins prononcé: -1,3%. En fait, cette hausse n'est pas une réelle "reprise", mais plutôt un ajustement. Le chiffre mensuel de mai avait en effet été désastreux (-1,3%) en raison des grèves des transports et du faible nombre de jours ouvrables. Le chiffre de juin marque donc un retour à la normale. Pas de quoi pavoiser, donc. Comme le note Laure Maillard, économiste chez CDC-Ixis, "ce n'est pas le début d'une tendance, mais plutôt un rebond technique. D'autant que le rebond est en grande partie due à la hausse de la production dans le secteur énergétique (+4% sur un mois). Une hausse évidemment soutenue par celle des prix dans le secteur. En revanche, le rebond des autres secteurs industriels n'est pas à la mesure de la baisse de mai, ce qui dénote une activité encore faible. La production manufacturière (production industrielle hors énergie) est en hausse très modeste : +0,6% en juin. Sur un an, la baisse atteint 1,7%. Le solde est même négatif sur le trimestre : -0,7%. "Les données trimestrielles ne sont pas bonnes et nous attendons en conséquence une baisse du PIB pour le deuxième trimestre la semaine prochaine", renchérit Laure Maillard.Parmi les autres sujets d'inquiétude, on notera la nouvelle baisse de la production automobile : -0,8% sur le mois. Il s'agit de la plus forte baisse depuis le début de l'année. En revanche, les industries liées à l'investissement marquent un véritable rebond qui peut être considéré comme encourageant. Ainsi, l'industrie des biens d'équipement progresse sur un mois de 1% (-0,6% en mai). Il s'agit de sa première hausse depuis janvier et de la plus forte hausse depuis un an. Quant aux biens intermédiaires, leur production progresse de 0,9%. Une hausse modeste, mais là encore la tendance est inversée puisqu'il s'agit de la première hausse depuis février dernier et de la plus forte depuis novembre 2002. Certains économistes se veulent donc optimistes. Maryse Podgodzinski, économiste chez JP Morgan, estime qu'il s'agit du signe de la reprise "modérée" vers laquelle se dirige le pays au second semestre.Reste que, globalement, la demande reste faible, notamment du point de vue de la consommation. L'indice des prix à la consommation de juillet l'a encore confirmé. Les prix ont reculé sur un mois de 0,1%. Sur un an, la hausse des prix passe sous les 2% une nouvelle fois à 1,9%. Il s'agit de la troisième baisse des prix mensuelle en quatre mois. Et là encore, l'énergie (+1,1%), mais aussi les services (+0,7%) ont soutenu les prix. En revanche, les prix des produits manufacturés reculent de 1,3% sur le mois et de 0,2% si on exclut les domaines de l'habillement (où la baisse s'explique par les soldes importantes) et la santé. La demande reste donc faible pour les produits manufacturés, signe que la "reprise modérée", si elle a lieu, devra ne pas trop compter sur la consommation. Or, comme le renchérissement de l'énergie n'est pas de bon augure pour une reprise basée sur l'investissement. La bataille de la croissance au second semestre est donc encore loin d'être gagnée.En revanche, le maintien d'une inflation à un niveau mesuré et stable écarte les risques de déflation généralisée de l'économie et devrait permettre de maintenir des taux bas et donc attractifs pour les entreprises pendant quelques mois encore.
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