Francis Mer tente de rassurer sur le déficit public

La polémique ne devrait pas s'éteindre de sitôt. Parée d'un bonnet d'âne par Bruxelles en raison du dérapage de ses finances publiques, la France tente de désamorcer les critiques. Ce matin sur l'antenne de LCI, le ministre de l'Economie et des Finances, Francis Mer, a réaffirmé que la France s'engageait à ce que son déficit public ne dépasse pas la limite des 3% du PIB en 2003, fixée par le Pacte de stabilité, et qu'elle ferait "ce qu'il faut" pour y parvenir.Cette déclaration intervient au lendemain de celle d'un proche du gouvernement, l'UMP Philippe Marini, rapporteur général du budget au Sénat. Ce dernier estime que la France est actuellement "dans la zone des 3%", précisant même: "les Allemands sont à 3,75%, nous, nous sommes à 3%". Pour Philippe Marini, il y a "clairement" un risque d'aggravation en 2003 et ce malgré les prochaines mises en réserve de crédits. Francis Mer se montre moins pessimiste mais pourrait-il en être autrement, alors que l'Union européenne vient de stigmatiser l'attitude de Paris en matière de contrôle des déficits par le biais d'une procédure d'alerte? Mardi, lors de l'Ecofin de Bruxelles (sommet des ministres européens de l'Economie), les pays de l'Union ont demandé à la France d'adopter "les mesures appropriées pour garantir que le déficit public ne dépasse pas la limite des 3% du PIB en 2003". Si Francis Mer s'est engagé à respecter ce seuil fatitique, il a en revanche refusé de promettre quoi que ce soit concernant deux autres points: à savoir la réduction d'au moins 0,5% du déficit budgétaire structurel de la France à partir de cette année, et l'objectif d'atteindre une position proche de l'équilibre ou en excédent en 2006. Pour le ministre français de l'Economie, "il est clair que la conjoncture n'est pas brillante en début d'année mais nous ferons, y compris à travers des réserves de précaution et des réserves d'innovation, ce qu'il faut pour rester à 3%" en 2003. Afin de parer aux risques de dérapages des finances publiques dans un contexte de croissance ralentie, le gouvernement aurait d'ailleurs prévu de geler quatre milliards de crédits en 2003. En plus de ces gels, les ministres vont être incités à constituer ce que Francis Mer appelle des "réserves d'innovations" en puisant dans leurs crédits pour constituer une réserve commune à tous les ministères et destinée à faire face à des dépenses non prévues par le budget. L'hypothèque d'un conflit en Irak prend ici tout son sens.Gel de crédits de précaution, réserves d'innovations... autant de présentations comptables qui permettent néanmoins de faire entrer les ministères dans un processus de rigueur qui ne dit pas son nom mais qui se fait de plus en plus réel puisque mécaniquement les sommes destinées initialement à être dépensées ne seront plus disponibles. Reste à savoir si ces mécanismes seront suffisants. Certains économistes en doutent, estimant d'ores et déjà que le déficit public a dépassé les 3% en 2002 - on sera définitivement fixé au mois de mars -, et que la dérive devrait se poursuivre avec en ligne de mire un déficit pouvant aller jusqu'à 3,7% du PIB en 2003.
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