Le dérapage des finances de l'Etat s'accélère

Avis de gros temps sur les finances de l'Etat central français. En mai, le déficit budgétaire a grimpé à 44,23 milliards d'euros. Par rapport aux cinq premiers mois de 2002, le "trou" s'est creusé de 8,77 milliards d'euros. Si elle se poursuit à ce rythme, la dérive actuelle rendra quasi caduque l'objectif d'un déficit budgétaire contenu à 50 milliards d'euros à la fin de 2003. Dans un communiqué, le ministère du Budget souligne que cette détérioration s'explique par "la poursuite du repli des recettes" alors que "la progression des dépenses d'un an sur l'autre (est restée) maîtrisée". En effet, sur les cinq premiers mois de l'année les recettes du budget général sont tombées à 89,51 milliards d'euros, soit un recul de 7,1% par rapport aux sommes engrangées durant la même période de 2002. Les dépenses ont quant à elles progressé de 1,4% à 118,7 milliards d'euros, essentiellement en raison du dynamisme des dépenses militaires.La faiblesse de l'activité économique laisse à penser que de meilleures rentrées fiscales ne sont pas à attendre rapidement. Le ralentissement de la croissance pèse sur le niveau de vie des ménages, ce qui affecte à la fois les sommes collectées via l'impôt sur le revenu (IR) mais aussi celles récoltées par le biais de la TVA en raison d'une moindre consommation. Or l'IR et la TVA représentaient plus de 65% des recettes du budget de l'Etat en 2002. Pour ce qui est des entreprises, confrontées à baisse de la demande, elles devraient également contribuer à un niveau moindre aux recettes.Dans ces conditions, des voix s'élèvent pour donner l'alerte. C'est le cas de Laure Maillard, économiste chez CDC Ixis, qui, dans une note datée du 2 juillet souligne que "pour des raisons essentiellement conjoncturelles, la dégradation du budget de l'Etat central devrait se poursuivre, son déficit atteindrait 3,9% du PIB en 2003". Cette prévision dépasse bien évidemment toutes les projections données jusqu'à aujourd'hui par les pouvoirs publics. Lors du débat d'orientation budgétaire, le ministre délégué du budget, Alain Lambert, avait indiqué que le déficit de l'Etat toucherait les 3,4% du PIB. Plus largement, si le dérapage du budget venait à se confirmer dans les mois à venir, c'est l'ensemble des comptes publics qui pourraient exploser. Laure Maillard pronostique pour 2003 un déficit public (Etat central, collectivités locales, Sécurité sociale) de 4,1% du PIB, soit bien au-delà des 3% imposés par le pacte de stabilité et même très au-dessus de la fourchette de 3,5 à 3,6% annoncée par le gouvernement.
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