Le gouvernement ne privatisera pas les autoroutes

Les tergiversations ont pris fin. Le gouvernement a décidé à l'occasion du Comité interministériel d'aménagement du territoire de ce matin (voir ci-contre) de dire non à la privatisation des autoroutes, signifiant la victoire du ministre de l'Equipement et des Transports dans le bras de fer qui l'opposait à Bercy. L'Etat conservera donc sa participation de 50,3% dans les ASF ainsi que ses 100% dans la Sanef et la SAPRR, comme le souhaitait Gilles de Robien dont un conseiller disait récemment: l'activité des sociétés d'autoroutes "est encadrée par l'Etat, leurs tarifs ne sont pas libres, et, bien souvent, comme ce fut le cas pour l'A28 entre Rouen et Alençon, l'Etat et les collectivités territoriales apportent une aide publique non négligeable".Le Ministère de l'Economie privilégiait pour sa part une approche patrimoniale, qui aurait permis d'encaisser rapidement une somme d'environ 10 milliards d'euros, toujours appréciable en période de difficultés économiques. Mais le gouvernement a finalement préféré l'option grâce à laquelle l'Etat devrait toucher quelques 30 milliards d'euros de dividendes d'ici à 2030.Une augmentation du capital de la Sanef et la SAPRR est toutefois prévue afin de réduire leur endettement, a annoncé le Premier ministre. Le montant total de l'opération, qui pourrait intervenir dès 2004, sera d'environ 1 milliard d'euros, représentant 20% du capital de chacune des deux entités. Par ailleurs, une ouverture du capital des deux sociétés n'est pas exclue, mais l'Etat y conservera en tout état de cause la majorité.Reste que cette décision, qui remet en cause les hypothèses de rapprochement des ASF avec un autre acteur européen, risque de faire grincer des dents dans le privé et en Bourse. Suite à cette annonce, les opérateurs se sont d'ailleurs rapidement dégagés du titre ASF, qui plonge de 2,29% en fin de journée. Mais c'est surtout chez Vinci que la nouvelle devrait être la plus mal accueillie. Le groupe n'a pas cessé depuis des mois de rappeler son intérêt pour les ASF - qu'il aurait voulu rapprocher de Cofiroute - et a dans cette optique déjà mis la main sur plus de 17% du capital de la société d'autoroutes. Or, le choix du gouvernement vient remettre en cause la stratégie du groupe de BTP. Les investisseurs en sont conscients. Juste après l'officialisation de la décision du gouvernement, l'action a décroché et cède 4,02% en fin de journée.
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