La colère des intermittents ne retombe pas

Concerts perturbés, débuts de festivals différés voire annulés... La colère des intermittents du spectacle n'a pas été désamorcée par les propositions transmises hier (lire ci-contre) par le ministre de la Culture. Malgré l'appel de France Festivals, qui fédère plus de 80 festivals internationaux de musique, demandant solennellement aux intermittents ne pas entraver le déroulement normal des manifestations, de nombreux festivals restent perturbés. C'est le cas du plus emblématique d'entre eux en France, à savoir le festival d'Avignon. Les trois coups du plus grand rassemblement théâtral français devaient être frappés ce soir, mais il n'en sera rien. Les techniciens, artistes et administratifs du festival "In" ont rejeté à une large majorité le protocole d'accord signé le 27 juin par le Medef et des syndicats minoritaires (CFDT, CFTC, CGC). Et visiblement, l'annonce faite hier par Jean-Jacques Aillagon du maintien du système actuel d'indemnisation du chômage des intermittents jusqu'à la fin de l'année n'a pas suffi à désamorcer la grogne. Résultat, à Aix-en-Provence pour le festival d'Art lyrique, à Carhaix pour les Vieilles Charrues comme au stade de France pour le concert des Rolling Stones, des perturbations sont attendues. Majoritaire au sein des intermittents, la CGT a appelé à une journée de grève nationale. Dans ce contexte toujours tendu, le ministre de la Culture a semblé ce matin jeter l'éponge. Invité de France Inter, Jean-Jacques Aillagon a déclaré être "allé au bout du possible" pour désamorcer le conflit des intermittents, en jouant "un rôle diplomatique". Il affirme qu'il ne prendra pas de nouvelles initiatives, et renvoie le processus de négociations au ministre des Affaires sociales et aux partenaires sociaux, directement engagés dans la gestion de l'Unedic.Justement, une réunion syndicats-patronat doit se tenir cet après-midi au siège du Medef pour examiner les ajustements et modalités d'application du protocole d'accord signé le 27 juin. Alors qu'actuellement artistes et techniciens doivent accomplir 507 heures de travail au cours des douze derniers mois pour avoir un droit d'indemnisation de douze mois, le protocole d'accord signé entre les partenaires sociaux prévoit un durcissement de ces conditions. En effet, selon les termes de cet accord, les techniciens devraient justifier de 507 heures de travail au cours des dix derniers mois pour bénéficier d'une indemnisation de huit mois et les artistes de 507 heures de travail au cours de dix mois et demi, pour huit mois d'indemnisation. D'ores et déjà, certains syndicats comme la CFDT et la CFTC se sont dits prêts à revoir certains points de cet accord et notamment son application progressive à compter de 2004-2005.A quelques heures de la réunion, Ernest-Antoine Sellières, le patron du Medef, a reproché au gouvernement de s'être immiscé dans le dossier, dans lequel les partenaires sociaux ont "pris leurs responsabilités" en réformant le système d'indemnisation. Et c'est, selon lui, le couteau sous la gorge qu'ils se réunissent aujourd'hui, sous peine de se voir refuser l'agrément de l'Etat sur leur accord.
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