Hasard du calendrier, les deux premières économies de la zone euro, l'Allemagne et la France, se retrouvent sur le devant de la scène aujourd'hui. Et pour les deux pays, une confirmation: le pire est passé. Après trois trimestres consécutifs de recul de son produit intérieur brut (PIB), l'Allemagne a renoué avec la croissance au troisième trimestre (+0,2%), une progression conforme aux attentes du consensus réalisé par UBS Warburg. L'économie allemande sort donc de la récession, qui se définit techniquement par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB, et ce essentiellement grâce aux exportations, souligne l'Office allemand des statistiques. Pour l'ensemble de l'année, la croissance allemande devrait être nulle et le gouvernement table sur une hausse du PIB comprise entre 1,5 et 2% l'an prochain.La France, pour sa part, devrait échapper à la récession. Le PIB français s'était contracté de 0,3% au deuxième trimestre mais un rebond s'est produit lors des trois mois suivants. Selon l'estimation précoce fournie par l'Insee, susceptible d'être révisée ultérieurement, la croissance française a été comprise entre 0,3 et 0,4% entre juin et septembre, soit un peu meilleure qu'attendu par les experts. Le consensus ressortait en effet à 0,2%. Guilhem Savry, économiste chez CDC-Ixis, ne masque d'ailleurs pas sa surprise devant cette performance. Il émet l'hypothèse selon laquelle "une consommation robuste, notamment dans les services et l'énergie, pourrait expliquer cette première estimation". On doit effectivement s'en tenir aux conjectures puisque cette première livraison de l'Insee ne s'accompagne d'aucun élément sur les composantes de la croissance. Outre la consommation, dont on a observé qu'elle avait fortement rebondi en septembre au moins pour les dépenses en produits manufacturés (+0,7% sur trois mois), le commerce extérieur pourrait également avoir joué un rôle moteur. On en veut pour preuve les statistiques publiées également ce matin par les Douanes. En septembre, la France a dégagé un excédent commercial de 922 millions d'euros. Sur le troisième trimestre, la balance commerciale française affiche un solde positif de 2,72 milliards d'euros.Tous ces éléments semblent conforter le diagnostic de Premier ministre. Jean-Pierre Raffarin estime que la France est en train de vivre le "retour du cycle de la croissance" même si deux hypothèques de taille pèsent encore sur ce scénario, à savoir la situation de l'emploi d'une part qui pourrait affecter la consommation des Français, et le niveau de l'euro d'autre part. Une monnaie européenne trop forte grèverait une partie de la capacité exportatrice de la France.En tout état de cause, on ne peut espérer pour la fin de l'année une accélération importante du rythme de la croissance. Ceci est vrai pour la France et l'Allemagne. "Pour le dernier trimestre", Philippe Waechter, directeur des études économiques de Natexis Asset Management, estime qu' "une croissance de 0,4% (qui me semble être la limite haute) en France et en Allemagne engendrerait une progression du PIB sur l'ensemble de l'année de 0,2% en France et de 0-% en Allemagne. Plus spécifiquement pour la France, une croissance de 0,5% pour l'ensemble de l'année (retenue dans la Loi de Finances 2004) supposerait une progression de 1,5% au dernier trimestre (car l'acquis à la fin du troisième trimestre est très faible). Cela paraît assez peu réaliste".Le tabac fait flamber les prix. L'augmentation des prix à la consommation en France a été de 0,3% en octobre, portant l'inflation sur un an à 2,2%. Cette hausse est principalement due à la flambée des prix du tabac (+6,8%). Le prix du paquet de cigarettes s'est envolé entre 15 et 20% selon les marques. Hors tabac, les prix à la consommation n'ont augmenté que de 0,1% le mois dernier.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:13

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