Dernière chance pour Air Lib

Le président du groupe néerlandais Imca, Erik de Vlieger, s'est déclaré lundi prêt à verser "entre 20 et 50 millions d'euros" pour assurer les opérations courantes d'Air Lib. L'homme d'affaires se dit disposé à donner à Airbus des "garanties allant jusqu'à 150 millions d'euros" pour renouveler la flotte de la compagnie aérienne en difficulté. Le président d'Imca a indiqué devant la presse, lundi en début d'après-midi, qu'il mettrait en forme ses propositions finales le 10 février 2003. Il a toutefois précisé qu'il proposait un plan d'amortissement de la dette échelonné jusqu'en 2010. "Si le gouvernement n'est pas prêt à nous donner une réponse, nous nous retirerons du dossier", a-t-il déclaré. De son côté la direction d'Air Lib a déclaré, par la voix de son porte-parole, qu'Air lib reprendrait ses paiements courants dès la sortie de la procédure de conciliation, "ce qui peut se faire dans les jours qui viennent". Le délégué syndical de la CGT dans l'entreprise a acueilli avec satisfaction l'annonce du président du groupe néerlandais. "C'est une bonne nouvelle de voir arriver des espèces sonnantes et trébuchantes, et on a l'impression que le couperet ne va pas tomber dans les heures qui viennent, mais il faut encore que ce plan s'inscrive dans le long terme (...) S'il ne s'agit que de colmater des brèches pour trois mois, ça deviendra infernal", a déclaré Paul Fourier. Lundi matin, le gouvernement français avait décidé de donner une dernière chance à Air Lib, à condition que le transporteur aérien se remette à payer ses charges courantes - qui représentent 8 à 9 millions d'euros par mois - avec les capitaux apportés par l'investisseur néerlandais. La question du paiement des dettes d'Air Lib envers l'Etat et les organismes publics pourrait ainsi être traitée ultérieurement. Le gouvernement avait demandé au conciliateur qui avait été désigné par le tribunal de commerce de Créteil, Me Hubert Lafont, de "proposer immédiatement un projet de conciliation". Outre la question du règlement du passif, le projet de conciliation organiserait " la reprise sans délai du paiement courant des charges publiques, qui sera la marque essentielle de la crédibilité du plan proposé", selon le communiqué du ministère. Air Lib, qui emploie 2.800 salariés (3.500 en comptant ses filiales de maintenance et de restauration), aurait besoin de 272 millions d'euros pour éviter la faillite. La direction de la compagnie aérienne française en difficulté s'était réjouie lundi de cette dernière chance accordée par le gouvernement, exprimant sa confiance dans "une solution rapide et définitive" selon son porte-parole. Une compagnie sous perfusion Depuis la reprise d'Air Lib (ex-AOM Air Liberté) en juillet 2001 par son actuel PDG Jean-Charles Corbet, la compagnie a vécu sous perfusion, ouvrant des lignes vers l'Algérie et la Lybie, et lançant des vols à bas prix en France métropolitaine, vers l'Italie et les Antilles. Aujourd'hui, la compagnie affiche pourtant des taux de remplissage satisfaisants (voir ci-contre). Mais le transporteur aérien doit 30,5 millions d'euros au fonds européen de développement FDES, ainsi qu'environ 80 millions d'euros à l'Etat (fisc, Urssaf et taxes aéronautiques). Le gouvernement avait accordé en novembre un moratoire de deux mois sur ces dettes, qui venait à échéance le 9 janvier, et prolongé la licence d'exploitation de la compagnie jusqu'au 31 janvier. Un premier plan de restructuration soumis par les dirigeants d'Air Lib et Imca avait été rejeté le 27 décembre par les autorités françaises. Dans sa première mouture, ce plan aurait entraîné une nouvelle augmentation de la dette de la compagnie envers l'Etat, ce qui n'était "pas acceptable", a affirmé le ministère des Transports. Reste à savoir si les ultimes propositions de l'entrepreneur hollandais satisferont, cette fois, le gouvernement.L'ambition de bâtir un transporteur européenA 42 ans, Erik de Vlieger est un entrepreneur atypique qui a fait fortune dans les machines à coudre avant de devenir un magnat de l'immobilier à Amsterdam, puis propriétaire de trois compagnies aériennes. Son entrée dans Air Lib lui permettrait de bâtir un groupe européen, capable de rivaliser avec les compagnies à bas prix comme Virgin Express, Ryanair et Easyjet. De plus, reprendre Air Lib signifierait, pour le Néerlandais, s'assurer les 30.000 créneaux horaires de décollage et d'atterrissage du transporteur français, très convoités par les compagnies à bas coût.
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