L'activité s'est contractée à la fin 2002 en France

A l'occasion de la publication ce matin des comptes de la nation pour 2002, l'Insee a revu en baisse son estimation de la croissance pour le dernier trimestre de l'exercice écoulé: l'activité économique s'est finalement contractée de 0,1% alors que dans sa précédente estimation l'Insee évoquait une hausse du produit intérieur brut de 0,2%. Malgré cette révision, l'institut maintient inchangée son évaluation de la croissance pour l'ensemble de 2002, à savoir 1,2%, et dit ne pas craindre une récession, à savoir deux trimestres consécutifs de contraction de l'activité. L'Insee maintient sa prévision d'une croissance légèrement positive au premier trimestre 2003.Dans leurs commentaires, les experts de l'Insee soulignent que la consommation des ménages "demeure le seul soutien intérieur à la croissance". Et d'ajouter: "les entreprises réduisent leur demande : elles reportent leurs projets d'investissements et réduisent leurs stocks". Or, un changement d'attitude rapide paraît peu probable - au moins dans l'industrie - si l'on en croit les enseignements de la dernière enquête conjoncturelle réalisée auprès des patrons du secteur manufacturier. En effet, comme en Allemagne (lire ci-contre), les industriels français broient du noir. En avril, la conjoncture industrielle a continué de se dégrader. L'indicateur résumant l'opinion des chefs d'entreprises de l'industrie manufacturière est tombé à 92 après 95 en mars (révisé en hausse de 1 point). Cette détérioration, qui pousse l'indice à son plus bas niveau depuis février 2002, prend à revers la majorité des économistes qui tablaient plutôt sur un léger sursaut du moral des industriels. Cette enquête a été une fois encore affectée par la guerre en Irak: la majeure partie des sondés l'ont été avant la chute de Bagdad. L'élément le plus préoccupant de cette étude tient dans la nouvelle baisse des perspectives générales de production. Elles sont à leur plus bas niveau historique, relève l'Insee. Dans ces conditions, avec des carnets de commandes globaux dont le niveau est toujours considéré comme inférieur à la normale, une reprise rapide dans l'industrie paraît plus que compromise. Nicolas Claquin, économiste au CCF, interrogé par Reuters, estime pour sa part que "la fin de la guerre devrait ramener un peu d'optimisme mais il ne faut pas s'attendre à un important rebond compte tenu de la baisse des marges des entreprises et de la dégradation de la conjoncture internationale". Les carnets de commandes étrangers continuent de se dégarnir et pour Laure Maillard (CDC Ixis), "cette chute résulte peut-être de plusieurs facteurs: la crainte d'un boycott, la faiblesse de la demande externe (notamment en provenance de l'Allemagne, le principal partenaire commercial de la France) et l'appréciation de l'euro qui pèse sur la compétitivité des entreprises françaises hors de la zone euro". Dans ce contexte, la dégradation du marché du travail devrait se poursuivre dans les mois qui viennent. Comme le souligne l'Insee, "le taux de marge des entreprises, stable depuis trois ans, est en léger recul" en 2002. Pour restaurer leur rentabilité et leur assise financière, les groupes pourraient être contraints de procéder à des ajustements sur l'emploi. L'Insee estime d'ailleurs par la voix de son responsable de la conjoncture, Michel Devilliers, que le mauvais résultat de la croissance à la fin de 2002 risque "d'amener à reconsidérer le diagnostic en matière d'emploi", dont l'évolution est "toujours un peu décalée par rapport à l'évolution de l'activité". Selon l'économiste, "on peut donc très légitimement penser qu'il y a un risque pour que l'évolution de l'emploi soit un peu moins bonne sur le premier semestre 2003 que ce que nous avions prévu". Or, l'Insee avait prévu une quasi-stabilité de l'emploi au premier semestre. Demain, seront publiés les chiffres du chômage pour le mois de mars.
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