Nouvelle dégradation de la situation budgétaire en France

Au moment où commence à s'élaborer le budget 2004, les chiffres publiés ce matin par le ministère de l'Economie concernant la situation budgétaire de l'Etat font une nouvelle fois le constat d'un dérapage des comptes. A la fin du mois de mars, le déficit budgétaire français s'établissait à 21,49 milliards d'euros, contre 18,39 milliards l'année dernière à la même date, indique Bercy, précisant que l'écart de 3,1 milliards d'euros "est imputable pour moitié à une dégradation temporaire des comptes spéciaux". Sur le front des dépenses, un mieux certain est à noter puisqu'à l'issue du premier trimestre, les dépenses du budget général atteignent 63,99 milliards d'euros, en retrait de 2% par rapport à 2002. Mais cette diminution ne permet pas une amélioration de la situation budgétaire de la France en raison de l'érosion forte des recettes. Fin mars, les recettes nettes du budget général s'élèvent à 51,35 milliards d'euros, soit un repli de 2,26 milliards (-4,2%) par rapport à l'an dernier. Pour ce qui est des recettes fiscales (-1,4%), elles reflètent particulièrement les moindres rentrées de l'impôt sur les sociétés (-5,7%) dont la diminution traduit les mauvais résultats des entreprises dans une conjoncture morne depuis plusieurs mois.Dans ce contexte, et alors que l'activité tarde à redémarrer, l'Etat va devoir surveiller son train de vie pour contenir les déficits publics. En 2002, le déficit public français (budget de l'Etat, collectivités locales, Sécurité sociale) a dépassé les 3% du PIB et il devrait se situer autour de 3,4% du produit intérieur brut en 2003, selon les prévisions transmises en février par le gouvernement français à la Commission européenne. La procédure lancée par Bruxelles impose à la France de revenir sous le seuil de 3% en 2004. Hier, le Premier ministre a d'ailleurs dévoilé les grandes lignes du budget 2004 qui figureront cette semaine dans "les lettres de cadrage" adressées aux ministres. Jean-Pierre Raffarin a confirmé que l'Etat ne dépenserait "pas plus en 2004 qu'en 2003", en invitant chacun de ses ministres à lui présenter un "plan d'économies". Cette "croissance zéro" des dépenses de l'Etat est une première, sans doute très difficile à tenir mais qui a le mérite de montrer avec clarté la volonté d'assainir les finances publiques, notamment vis à vis de la Commission de Bruxelles: celle-ci s'impatiente de plus en plus des dérapages persistants du déficit français. Quant au plan d'économies, il devrait passer par une "évolution des effectifs de fonctionnaires": selon le Premier ministre, le gouvernement a des "objectifs ambitieux pour le budget 2004 en termes de changements dans l'administration et d'évolution de ses effectifs". Jean-Pierre Raffarin ne s'est pas risqué à chiffrer ces objectifs, sans doute pour ne pas "braquer" un peu plus une fonction publique déjà très mobilisée sur les retraites. Cependant, il semblerait qu'à Bercy on milite fortement pour qu'à l'avenir seul un fonctionnaire sur deux soit remplacé au moment des départs à la retraite.
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