Raffarin exclut de s'engager sur la voie de la rigueur

Après avoir concédé ce que tout le monde économique affirmait depuis plusieurs mois, à savoir que la croissance ne saurait être de 2,5% cette année, le gouvernement se voit contraint à un nouvel aveu. Et cette fois, c'est Jean-Pierre Raffarin qui fait amende honorable. Le Premier ministre, qui s'exprimait devant quelque 500 chefs d'entreprise réunis pour le bicentenaire de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (CCIP), a reconnu qu'il était désormais "probable" que les déficits publics aient dépassé les 3% dès 2002. Un tel cas de figure provoquerait une réaction automatique de Bruxelles par le biais d'une sanction pour déficits excessifs. Une procédure dont l'Allemagne et le Portugal ont déjà fait les frais l'an dernier.Malgré ces dérapages des finances publiques et une croissance plus faible qu'espéré, le Premier ministre n'entend pas changer le cap de la politique économique. Pas question tout d'abord de remettre en cause "les engagements fiscaux" du gouvernement. Selon ces promesses, formulées par le candidat Chirac, l'impôt sur le revenu doit être diminué d'un tiers d'ici 2007. Pas question non plus d'être le Premier ministre de la rigueur. Contraint d'ores et déjà de procéder à des gels de crédits de 3,9 milliards d'euros afin de parer aux effets du ralentissement de la croissance sur les déficits publics, Jean-Pierre Raffarin estime que "ce n'est pas lorsque la croissance est incertaine qu'il faut serrer plus que nécessaire les dépenses". Et de préciser sa pensée: les pertes de recettes fiscales induites par une mauvaise conjoncture "ne seront pas compensées par des économies supplémentaires qui remettraient en cause les priorités politiques de l'action du gouvernement".Dans ce contexte, la France devrait s'attirer les foudres de Bruxelles car il paraît très probable qu'en 2003 également Paris ne parviendra pas à contenir ses déficits publics en deçà du seuil fatidique des 3%. Soucieux de désamorcer le mécontentement à venir de la Commission européenne, Jean-Pierre Raffarin propose des gages de bonne volonté en affirmant que "les dépense nouvelles" en revanche devront être "financées par des économies". Le Premier ministre a souligné que l'Etat dispose de "marges d'économies importantes qu'il doit davantage mobiliser". De même, se référant aux incertitudes géopolitiques qui pèsent sur l'environnement économique, Jean-Pierre Raffarin a estimé que "l'accélération de la crise internationale exige une accélération de nos initiatives", notamment en matière d'emploi, "notre grande cause nationale en 2003", a noté le Premier ministre. Sur ce point, il a affirmé que les baisses d'impôts déjà décidées (IR et taxe professionnelle) devraient permettre la création à terme de plus de 70.000 emplois.
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