Bruxelles tance Paris et Berlin sur les déficits

Dans un nouvel avis publié aujourd'hui, la Commission européenne n'épargne pas ses critiques à la France. Elle estime que son plan budgétaire n'est pas "pleinement conforme au pacte de stabilité" qui lie les économies de la zone euro. Bruxelles réclame à Paris une baisse de 0,5 point de PIB du déficit 2003.Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pedro Solbes, avait déjà pointé du doigt, en septembre dernier, le déficit de 2,6 % du PIB prévu pour 2003. Bruxelles estimait que la France devrait plus vraisemblablement afficher un déficit qui frôlerait les 3%, soit la limite maximale autorisée par le traité de Maastricht. Et en novembre, la Commission avait mis la France sous le coup d'une procédure "d'alerte précoce". En effet, en raison d'une croissance moindre qu'espéré, le déficit public tricolore a dérapé cette année, atteignant les 2,8% du PIB au lieu des 2,6% prévus.Commentant le programme budgétaire français pour la période 2002-2006, la Commission européenne a ouvertement déploré mercredi le manque d'empressement de Paris à assainir ses finances publiques et a réclamé une "plus grande ambition budgétaire, en particulier sur les années 2003 et 2004". "Le risque de dépasser la limite de 3% reste élevé" cette année, a souligné Pedro Solbes. "L'impact budgétaire du vieillissement de la population va s'accélérer à partir de 2006", a-t-il ajouté, jugeant "d'autant plus important pour la France d'équilibrer son budget le plus rapidement possible". La Commission européenne a par ailleurs critiqué mercredi l'Italie pour les "incertitudes" qui grèvent "la réalisation de ses objectifs budgétaires" et la réduction de son importante dette publique (110,3% du PIB en 2002). C'est toutefois l'Allemagne qui est la cible principale des critiques de Bruxelles. La Commission européenne réclame qu'outre-Rhin, le gouvernement prenne une série de mesures pour résorber son déficit public, qui a franchi la limite de 3% inscrite dans le pacte de stabilité. Et ce au moment où le chancelier Schröder est confronté à une forte grogne des salariés du secteur public, qui exigent des hausses de salaires et des réajustements entre les rémunérations à l'est et à l'ouest du pays.Bruxelles veut imposer un calendrier à l'Allemagne pour qu'elle assainisse ses finances publiques. Berlin disposera d'un délai de quatre mois, c'est-à-dire jusqu'au 21 mai 2003, pour prendre les mesures adéquates.Les recommandations de la Commission seront soumises le 21 janvier à l'approbation des ministres européens des Finances. Répondant à l'avis de Bruxelles, Berlin, par la voix d'un porte-parole du ministère des Finances, a reconnu la nécessité de mettre en place "des mesures nécessaires et probablement douloureuses dans de nombreux domaines" pour assurer la réduction de ses déficits publics. "Nous nous réjouissons ouvertement de la prise de position de Bruxelles", a ajouté le porte-parole, y voyant une justification des mesures déjà mises en place par Berlin, notamment en matière fiscale. Moins conciliant, le ministère français de l'Economie et des Finances a pour sa part répliqué que le programme de stabilité économique de la France suffisait à assurer la maîtrise des dépenses. "La logique du programme de stabilité, c'est la maîtrise des dépenses. Cette maîtrise des dépenses permet à la fois la réduction du déficit et la baisse des impôts et des charges", a fait valoir un porte-parole du ministère français de l'Economie, interrogé par l'AFP. Rappelons que Paris n'a jamais avalisé l'objectif de Bruxelles d'une baisse de 0,5 point par an du déficit structurel, pas plus que la date de 2006 pour un équilibre budgétaire que Jacques Chirac a reporté à la fin de la législature, soit 2007.
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