Une constitution européenne, c'est combien ?

L'Europe communautaire fonctionne depuis sa création selon le principe de solidarité budgétaire. Les pays les plus riches donnent davantage qu'ils ne reçoivent. Ce sont les "contributeurs nets", aujourd'hui au nombre de six : France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Suède, Autriche. Grâce à eux, le budget communautaire a atteint 1,27% du PIB de l'Union Européenne (hors agriculture), soit environ 127 milliards d'euros.Ces fonds ont profité plus que proportionnellement aux pays les plus pauvres, notamment ceux entrant dans la catégorie des "objectifs 1", c'est à dire dont le PIB par habitant est inférieur à 75% de la moyenne européenne. L'Irlande, le Portugal ou encore... l'Espagne ont pu grâce à ces contributions créer des centaines de milliers d'emplois et générer une croissance supplémentaire de 1,5 à 4% sur la période 1994-1999.L'Espagne a reçu du budget européen un transfert équivalent à 1,29% de son PIB en 2002. Les dix nouveaux membres de l'UE à compter du 1er mai prochain - dont la Pologne - attendent une générosité similaire.Sauf que... les six ont pris la plume hier pour adresser une belle lettre à Romano Prodi, président de la Commission Européenne. Puisque vous demandez à chacun d'entre nous un effort de rigueur budgétaire, expliquent-ils en substance, notre contribution au budget européen ne peut en être exclue. Par conséquent, limitons les dépenses communautaires à 1% du PIB.Ce qui, en pratique, reviendrait à geler les dépenses. "Les miracles ne sont pas ma spécialité et ne semblent pas être celle des Etats membres non plus", a donc répondu M. Prodi. "Avec 1% du PIB, il ne sera tout simplement pas possible de faire ce que ces (six) Etats membres attendent de nous".Seuls de mauvais esprits pourraient imaginer que ce genre de réaction était exactement ce que souhaitaient les auteurs de la lettre. Il ne resterait plus ensuite à l'Espagne et à la Pologne qu'à comprendre où se situe leur intérêt bien compris. Elles rentreraient dans le rang pour continuer à recevoir leur compte de millions d'euros, à défaut d'avoir chacune un commissaire à Bruxelles ou autant de votes au Conseil européen qu'il en était prévu par le traité de Nice.La grande histoire de l'Europe est ainsi faite de petits compromis.
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