L'Europe au régime de la croissance zéro

Ce n'est pas tout à fait la récession généralisée, mais on n'en est quand même pas bien loin : l'Europe a connu au premier trimestre une période de croissance nulle, tandis que des pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas tombaient franchement en récession. Ce n'est pas, a priori, le cas de la France, mais les perspectives de reprise pour les mois à venir demeurent bien modestes.Selon la première estimation publiée aujourd'hui par l'Office européen des statistiques (Eurostat), le premier trimestre 2003 a été marqué par une croissance nulle tant pour les 12 pays de la zone euro que pour les 15 Etats de l'Union européenne. Sur un an, la croissance est ramenée à +0,8% dans la zone euro et à +1,0% dans l'UE-15. Pour certains pays, la stagnation du premier trimestre s'est transformée en récession pure et simple. C'est ce qu'ont annoncé ce matin l'Allemagne et les Pays-Bas (voir ci-contre). La France, pour sa part, devrait avoir fait un tout petit peu mieux. Selon le responsable de la conjoncture à l'INSEE, Michel Devilliers, l'économie française affichera sans doute une croissance légèrement positive pour les trois premiers mois de l'année, de l'ordre de 0,3%. Après le recul de 0,1% enregistré au dernier trimestre 2002, notre pays échapperait ainsi aux deux trimestres de suite de recul de l'activité qui marquent la définition d'un état de récession.Reste que cette conjoncture bien morose ne semble pas appelée à se redresser rapidement. Selon les prévisions publiées aujourd'hui par la Commission européenne, la croissance dans la zone euro devrait s'établir entre 0 et 0,4% au deuxième et au troisième trimestres de cette année. Des prévisions qui reflètent "la faiblesse de la croissance en termes à la fois de demande intérieure et extérieure", estime la Commission. La Banque centrale européenne adopte pour sa part un ton légèrement plus optimiste, en maintenant jeudi sa prévision d'une reprise graduelle de l'activité cette année. "Nous prévoyons une accélération progressive de la croissance du PIB en volume, qui devrait commencer plus tard dans le courant de l'année et se renforcer au cours de l'année prochaine", a indiqué l'institut de Francfort dans son bulletin mensuel. La BCE appuie ce pronostic sur "une reprise attendue de la demande globale, la perspective d'un recul de l'inflation favorisant la progression du revenu réel disponible et le faible niveau des taux d'intérêt", sans oublier "la dissipation des incertitudes liées aux tensions géopolitiques". Il n'en demeure pas moins que de nombreux éléments contribuent à freiner l'activité. L'économie américaine est loin d'avoir amorcé une franche reprise. La guerre en Irak est certes terminée, mais le climat international demeure tendu, entre les craintes terroristes et l'épidémie de pneumopathie atypique. La chute du dollar pèse sur les exportations des industriels européens. Sans oublier que la récession allemande aura un effet d'entraînement sur les pays voisins.Dans un tel contexte, les observateurs s'accordent de plus en plus à prévoir une décision de baisse des taux de la part de la Banque centrale européenne. Celle-ci "ne peut plus adopter la politique de l'autruche", estime Alexandre Bourgeois, chez Natexis Banques Populaires. Chez CDC-Ixis, on estime ainsi que la BCE pourrait réduire ses taux de 25 points de base dès le début du mois de juin.
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