Offensive judiciaire sur Parmalat

La justice italienne passe à la vitesse supérieure dans l'affaire Parmalat. Après l'ancien président et fondateur du groupe Calisto Tanzi, arrêté dimanche, ce sont sept autres personnes qui ont été interpellées ce matin dans la Péninsule. Parmi les arrestations, on compte notamment les deux anciens directeurs financiers du groupe agroalimentaire Fausto Tonna et Luciano del Soldato. Mais le procureur de Parme a également fait arrêter deux comptables de la société, l'avocat de Calisto Tanzi et deux dirigeants de la filiale italienne du cabinet d'audit américain Grant Thornton. Les deux anciens directeurs financiers sont évidemment accusés d'avoir falsifié les comptes du géant laitier émilien. Fausto Tonna avait la semaine dernière reconnu les faits, mais il avait indiqué n'avoir agi que sur l'ordre de Calisto Tanzi. Les comptables, de son côté, sont soupçonnés d'avoir fabriqué des faux destinés à tromper les clients, les créanciers et les actionnaires de Parmalat. On pense évidemment notamment à ce faux extrait de compte de la Bank of America réalisé avec un scanner et qui a permis de faire croire à la communauté financière que Parmalat disposait d'une position de 3,9 milliards d'euros aux Iles Caïmans. Quant aux responsables de Grant Thornton Spa, la filiale italienne du cabinet américain, il s'agirait du président Lorenzo Penca et de son partenaire Maurizio Bianchi. Le cabinet est soupçonné d'avoir aidé Parmalat à truquer ses comptes en lui donnant de "bons conseils" pour tromper le monde entier. Ce n'est pas la première fois que ce cabinet est mis en cause. Il a notamment été impliqué dans les déboires financiers du club de football romain Lazio et de son ancienne maison-mère Cirio. Alors que le parquet de Parme a rejeté la demande de mise en liberté provisoire de Calisto Tanzi, ce dernier continue de plaider la bonne foi. "Il est convaincu que Parmalat devait être sauvé", a ainsi indiqué son avocat, Fabio Belloni qui a ajouté, pour tenter de rendre ce système de défense plus crédible que "il ne connaissait rien à la finance, c'est un entrepreneur". L'homme de 65 ans aurait donc été victime de sa propre candeur... Et aujourd'hui, ajoute son conseil, "c'est un homme brisé, et inquiet". On le serait à moins.Pendant ce temps, les auditions se poursuivent dans la cité du jambon et du fromage. Mercredi matin, c'est le président de la banque IMI-San Paolo qui a été entendu comme "personne informée des faits". Ce statut suppose qu'aucune poursuite n'est à ce stade engagée, mais le monde financier italien pourrait bien passer un réveillon d'angoisse ce soir. D'autant que, dans le cadre de l'enquête ouverte hier par le gendarme américain de la Bourse, des inspecteurs de la SEC sont arrivés mercredi matin à Parme.Quant à l'avenir du groupe, il est encore en suspens. La Commission européenne a indiqué qu'elle examinerait courant janvier le decret du gouvernement italien sur les faillites adopté voici deux semaines. Mais Rome aurait assuré à Bruxelles qu'aucune aide d'Etat en tant que telle ne sera versée au groupe parmesan. D'autres sources affirmaient que Parmalat devrait entamer début janvier des négociations pour obtenir de nouvelles lignes de crédit. Aucun montant n'a pour le moment été précisé.
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