Après l'ouragan "Eliot Spitzer", les banques d'affaires américaines s'apprêtent à traverser une tempête judiciaire sans précédent, provoquée cette fois par les investisseurs et leur armada d'avocats prêts à en découdre. Dérives éthiques pendant la bulle technologique, implication supposée dans le scandale Enron... le risque judiciaire est réel et les raisons de voir gonfler, chaque jour, la liste des "class-actions" sont nombreuses. Mais l'appréciation de ce risque, et par conséquent son provisionnement comptable, varient sensiblement d'un établissement à un autre. Et plus que le respect d'un principe de prudence, il semble révéler, avant tout, le sentiment de culpabilité des uns et des autres.Les deux géants bancaires Citigroup et JP Morgan Chase ont, eux, choisi de constituer d'importantes provisions en fin d'année 2002, d'un montant de plus d'un milliard de dollars chacun. La liste des poursuites judiciaires dont les deux établissements font l'objet a certes de quoi faire frémir. William Lerach est leur nouvelle bête noire. Cet avocat réputé pour son acharnement mène notamment la fronde des investisseurs lésés dans la faillite d'Enron. L'implication des deux mastodontes bancaires dans ce scandale retentissant est plus que suspectée. On objectera toutefois que celle de Merrill Lynch, qui n'a pas choisi, lui, de provisionner ce risque, l'est tout autant ! Difficile, dès lors, pour le marché d'interpréter ces divergences. En fait, l'acte de provisionner un risque judiciaire est, aux Etats-Unis, plus un indicateur du montant auquel les établissements bancaires concernés sont prêts à transiger avec les plaignants. Une façon implicite d'avouer qu'ils sont coupables ? C'est ce que semble penser Merrill Lynch, qui en n'annonçant aucune provision, veut signaler au marché, et aux avocats chargés de ses affaires, qu'il se battra sur tous les fronts judiciaires sans laisser entrevoir une perspective, trop facile, de gains.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:24

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