Partie de poker

Si ce n'est pas un coup de bluff, ça y ressemble beaucoup. En décidant la semaine dernière de ne pas signer l'accord conclu avec le parquet de Los Angeles le 2 septembre dans l'affaire Executive Life, le gouvernement français a tenté un pari dont on ne peut être sûr qu'il était totalement calculé. Refuser un compromis risquait, on le sait, d'ouvrir toutes grandes les portes d'un procès pénal aux conséquences imprévisibles. Mais c'était aussi l'occasion de faire passer un message de fermeté aux autorités américaines, et singulièrement au procureur adjoint Jeffrey Isaacs qui instruit le dossier. La réaction venue de Californie, apportant des précisions aux termes de l'accord et accordant un peu plus de temps aux parties françaises pour se déterminer, tendrait à prouver qu'un tel pari n'était pas perdu d'avance. La hiérarchie de Jeffrey Isaacs ne verrait en effet pas d'un très bon oeil s'envoler en fumée le chèque de 585 millions de dollars auquel il ne manque que quelques signatures. Le tout est maintenant de ne pas mettre en place les conditions d'une nouvelle crise franco-américaine.Compte tenu des sommes en jeu, et des implications de l'accord pénal sur les procédures civiles, il n'est pas indécent de voir la France demander un minimum de garanties. Ceci a été compris à Los Angeles. Mais la volonté de ne laisser personne au bord du chemin, en particulier Jean Peyrelevade et François Pinault, risque d'alourdir quelque peu la facture. Paris en est-il convaincu ? Ni le Crédit Lyonnais ni le CDR ne seraient en tout cas prêts à remettre la main au portefeuille. Quant à François Pinault, on connaît l'âpreté en affaires du milliardaire breton. Et même si les termes financiers d'un accord sont trouvés, encore faudra-t-il que les uns et les autres acceptent un certain degré de responsabilité. Ce point a fait achopper les discussions entre Artémis et la justice américaine en septembre. Il n'est pas sûr que Jean Peyrelevade, à cet égard, soit beaucoup plus souple que François Pinault.
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