Jacques Chirac veut une réforme de la santé "dans la durée"

La réforme des retraites n'est pas encore réglée, loin de là, que déjà se profile à l'horizon celle, peut-être encore plus explosive, du système de santé. Il est urgent d'agir: le déficit de la branche maladie devrait en effet atteindre la somme colossale de 9,7 milliards d'euros en 2003... Intervenant jeudi matin au congrès de la Mutualité française (FNMF) à Toulouse, le président de la République a tenté de définir les grandes lignes des réformes à venir, tout en calmant par avance les inquiétudes qui commencent déjà à se manifester.Jacques Chirac a d'emblée fait valoir qu'il n'était pas question de lancer une réforme brutale. L'action du gouvernement en matière de réforme de santé "sera raisonnée et inscrite dans la durée car il faudra plusieurs années pour que notre assurance maladie trouve un équilibre durable", a-t-il lancé. L'axe directeur de la réforme devra être la modernisation d'un système de santé dont les principes de gestion sont largement dépassés. "L'assurance maladie doit se moderniser", a-t-il affirmé, tout en soulignant que les principes de liberté et de solidarité qui l'animent "sont inscrits au fronton de la République". Le président souhaite notamment une généralisation des outils de maîtrise médicalisée des dépenses. "On en parle depuis longtemps. On a commencé à le faire. Il est temps maintenant de s'engager pleinement dans l'ère des réalisations concrètes", a-t-il ajouté. La réforme du système de santé passe ainsi, selon lui, par la mise en place de "la formation médicale continue", des "références de bonnes pratiques médicales" et de l' "évaluation". Jacques Chirac souhaite en particulier que "la qualité et la responsabilité" soient placées au coeur du système de santé, et que la lutte contre les gaspillages soit engagée. Autre axe de réflexion avancé par le président de la République: l'octroi d'une plus grande liberté de gestion aux établissements de santé.Le président de la République a également affirmé que "oeuvrer à la généralisation de la couverture maladie complémentaire" serait un "véritable progrès social", notamment "pour les trois millions de nos concitoyens privés de couverture complémentaire". A cette fin, il rappelé qu'il s'était engagé "à instituer une aide à la souscription d'une couverture individuelle pour ceux qui en ont besoin", évoquant implicitement le "crédit d'impôt", dispositif dégressif d'incitation fiscal réclamé par la Mutualité. Cette vaste entreprise de rénovation devrait être menée à bien, selon le président de la République, "au plus tard au terme des douze mois à venir". Il en va, a-t-il ajouté, de "la pérennité de notre système de santé".Ces appels à la réforme ont été positivement accueillis par les professionnels du secteur présents au congrès de la Mutualité. Au nom de celle-ci, Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité française, a affirmé que les mutuelles ne veulent plus jouer un rôle de "payeur aveugle".Rappelant que celles-ci "remboursent souvent près de 40% des dépenses de santé" des Français et "sont aujourd'hui, après l'assurance maladie, le deuxième financier de notre système de santé", le patron de la FNMF a déploré qu'elles ne soient, bien souvent, "pas maîtres de leurs choix".Pour la Mutualité, la solution passe par "un partenariat bien réel" avec la Sécurité sociale pour dialoguer et agir avec les professions de santé. Le président des mutuelles a également dénoncé "la confusion qui règne dans la cabine de pilotage" du système de santé, déplorant un "paritarisme de façade" derrière lequel "l'Etat décide quasiment tout". Du côté de Jean-Marie Spaeth, le président CFDT de la Caisse nationale d'assurance maladie, c'est l'appel lancé par Jacques Chirac au patronat pour qu'il revienne discuter de l'avenir du système de santé qui a été le mieux accueilli. Le président de la République a en effet souhaité que les "représentants des entreprises puissent, aux côtés de ceux des salariés, jouer un rôle actif au sein des caisses de Sécurité sociale". Le Medef et la CGPME ont quitté les conseils d'administration des trois caisses maladie, vieillesse et famille en octobre 2001 pour dénoncer la mise à contribution de la sécu dans le financement des 35 heures. Selon Jean-Marie Spaeth, "la rénovation des rapports entre l'Etat et l'assurance maladie, avec des relations claires et transparentes, est de nature à retrouver un paritarisme, avec l'ensemble des financeurs, qui permette de pérenniser l'assurance maladie". Le président de la CNAM s'est également félicité de ce que "le président de la République ait dit clairement que l'Etat n'a pas toujours été d'un fair-play absolu avec l'assurance maladie. C'est le moins que l'on puisse dire..."
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