"Nous croyons réellement au succès de la Conférence de Cancun"

La Tribune - Le Mexique est l'organisateur de la Réunion ministérielle de l'OMC de Cancun. Pouvez-vous dire à nos lecteurs si vous pensez que cet événement sera un succès, et si oui, pourquoi?Luis Ernesto Derbez - Le Mexique est le premier pays latino-américain à présider une Conférence ministérielle de l'OMC. Cela démontre l'intérêt et le rôle que joue actuellement notre pays au sein des principaux forums multilatéraux.Pour ce qui est de l'organisation de cet événement, je dois dire que nous croyons réellement en son succès. Nous avons comme antécédents la Conférence internationale pour le financement du développement de Monterrey ainsi que le Sommet de l'APEC à Los Cabos, qui se sont déroulés l'année dernière. Outre l'aspect lié à l'organisation, aussi bien à Monterrey qu'à Los Cabos, nous avons réalisé des progrès significatifs en termes d'agenda thématique. Voilà pourquoi je suis persuadé que la 5ème Conférence ministérielle de Cancun représentera un pas décisif dans l'avancée des engagements obtenus à Doha.Quel rôle tente de jouer le Mexique dans les conversations de Cancun? A-t-il un message spécial ou un rôle de médiation à jouer?En tant que pays hôte de la 5ème Conférence ministérielle et plus particulièrement en ma qualité de Président de la réunion, je me suis engagé à travailler de façon impartiale et étroite avec tous mes homologues en vue de parvenir à des accords politiques et de prendre les décisions qui nous rapprocheront de notre objectif, à savoir une conclusion opportune et réussie de l'Agenda de Doha pour le développement. Quant au Mexique, en sa qualité de pays membre de l'OMC, il se battra pour défendre ses intérêts tout en cherchant à être un pont entre les différentes positions exprimées au sein de l'OMC.Le Mexique n'est pas un pays en développement, mais il ne se situe pas non plus parmi les nations les plus riches. Pouvez-vous nous dire où il se place en termes d'agriculture?La position du Mexique par rapport au thème agricole est totalement une attitude de soutien vis-à-vis de l'engagement adopté dans la Déclaration ministérielle de Doha, dans laquelle on propose d'améliorer de façon substantielle l'accès aux marchés pour les produits agricoles, ainsi que de réduire toutes les formes de subventions à l'exportation, en vue de leur élimination progressive, et de diminuer de façon considérable les subventions internes qui ont déformé la production et le commerce. Il est indispensable que nous parvenions à diminuer les asymétries qui existent actuellement entre les pays en voie de développement et les pays développés, notamment dans le secteur agricole.Qu'en est-il de l'ouverture des services publics, des tarifs industriels et de la facilitation commerciale?L'objectif du Mexique dans les négociations sur l'ouverture des services publics est de parvenir à un accord multilatéral sur la transparence des marchés publics. Les négociations se limitent exclusivement à la transparence et incluront un traitement spécial et différencié pour les pays membres se trouvant en développement ou moins avancés.En ce qui concerne les tarifs industriels, le Mexique soutient les négociations sans perdre de vue la protection envers certains secteurs sensibles et propose une réduction de ces tarifs afin de pouvoir choisir les produits à sélectionner et/ou à libéraliser. Quant à la facilitation, mon pays cherche à établir un accord qui garantisse des conditions meilleures et plus équitables pour le commerce international, y compris une circulation plus rapide, l'autorisation d'entrée et l'envoi des marchandises, les marchandises en transit inclues.Certains observateurs disent qu'il y a trop de thèmes et très peu de temps pour tous les aborder à Cancun. Quels thèmes devront selon vous être considérés comme prioritaires?Le programme de travail de Doha, connu sous le nom d'Agenda pour le développement, est le plus ambitieux et le plus vaste élaboré en la matière. C'est la raison pour laquelle nous avons placé le développement des pays au centre des négociations et de ce fait, les thèmes prioritaires sont nécessairement liés à l'élimination des asymétries entre les pays en voie de développement et les pays développés, ce qui implique, entre autres, un accord en matière de réduction substantielle des subventions à l'exportation et des aides internes à la production agricole. Il convient de signaler que, malgré quelques expectatives, un accord a finalement été conclu en matière d'accès aux médicaments essentiels pour les pays ayant des niveaux de développement plus faibles. Cet accord est de bon augure pour la réunion.On suppose que le Round de Doha porte sur le développement. Pensez-vous que l'OMC puisse actuellement promouvoir le développement des pays pauvres?Je crois sincèrement que l'ouverture des marchés, la réduction du protectionnisme et l'instauration de règles transparentes au niveau multilatéral constituent les conditions nécessaires pour que les pays en voie de développement participent de façon active à l'actuel processus de mondialisation. En outre, il est important de souligner que le Mexique représente un exemple indéniable où il a été prouvé que le libre-échange est un outil crucial pour la promotion du développement économique et la création d'emplois. Quelles sont les principales critiques du gouvernement mexicain à l'encontre des positions de l'UE défendues en vue de l'OMC ?Chaque pays membre de l'OMC cherche à concilier ses intérêts nationaux et/ou régionaux avec les intérêts du reste des nations. En ce sens, tous les pays, le Mexique et l'UE compris, ont déjà fait un pas remarquable en adoptant les engagements dérivés de Doha. A l'heure actuelle, nous travaillons pour concilier et négocier un compromis acceptable unanimement par tous. Les négociations en matière agricole sont, personne n'en doute, les plus complexes actuellement, avec des résultats qui ne correspondent pas aujourd'hui aux attentes de la majorité des pays membres. Avant tout, nous devons nous mettre d'accord sur une feuille de route des négociations qui nous oblige à avancer avec sécurité et qui nous évite de rester là où nous sommes.
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