Baisse du chômage en trompe-l'oeil en juillet

Ce sont des chiffres en demi-teinte que vient de publier le ministère des Affaires sociales au sujet de l'évolution du chômage. La baisse apparente du nombre de chômeurs enregistrée en juillet relève en effet largement de facteurs techniques. Et dans la réalité, c'est plutôt une légère dégradation de la situation qui a été observée.Selon les données publiées par le ministère, le nombre de chômeurs a reculé de 0,2% en juillet par rapport à juin, pour s'élever à 2.399.100 personnes, soit une diminution de 5.100 personnes. Mais à l'inverse, le taux de chômage au sens du BIT s'est inscrit en hausse, progressant de 0,1 point, à 9,6%.Pourquoi de telles divergences dans les indicateurs? Selon le ministère des Affaires sociales lui-même, la diminution du nombre de chômeurs enregistrés tient à un facteur technique: la mise en place dans la moitié des régions françaises d'une nouvelle procédure de relance téléphonique des demandeurs d'emploi télé-déclarants. Quand ces derniers n'étaient pas là pour répondre, ils ont été rayés des listes... Ce qui aurait conduit à retirer environ 15.000 personnes des statistiques. Sans cet élément, souligne le ministère, l'évolution du nombre de chômeurs "aurait été légèrement positive". En effet, durant le mois de juillet, les sorties des inscriptions au chômage pour absences au contrôle ont représenté à elles seules 47,6% de l'ensemble des sorties, avec 166.621 personnes concernées en données brutes. Les sorties pour reprise d'emploi déclarée n'ont représenté, quant à elles, que 19,6% des sorties et les entrées en stage 4,1%. Ces chiffres plutôt mitigés ne marquent donc pas un retournement de tendance après la brutale dégradation de juin, quand le chômage avait augmenté de 1,1% par rapport à mai, avec 25.900 chômeurs supplémentaires.Et rien ne permet d'espérer que la situation de l'emploi s'améliore rapidement. Dans l'industrie, en particulier, les plans sociaux se multiplient. Depuis le début de l'année, des emplois ont été supprimés par milliers dans des groupes comme Giat Industries, Air Lib, Alstom, Astrium, Hewlett-Packard, Alcatel, Schneider, etc... Et cela pourrait bien durer: selon nombre d'économistes, les entreprises ont en fait cherché, depuis un an, à préserver l'essentiel de leurs effectifs dans l'attente d'une reprise de l'économie à la mi-2003. Et ce sont les CDD et les employés intérimaires qui ont fait les frais des réductions d'emplois. Mais en fait, l'activité économique a reculé de 0,3% au deuxième trimestre et les entreprises pourraient bien décider maintenant de s'attaquer à la réduction de leurs effectifs stables. Car pour les entreprises, l'heure n'est pas à l'optimisme. Selon une enquête publiée ce matin par l'Insee, celles-ci ont fortement revu à la baisse leurs perspectives d'investissement pour 2003. Alors qu'en avril dernier l'industrie prévoyait d'augmenter ses investissements de 6% cette année, elle n'envisage plus aujourd'hui qu'un chiffre de 2%.Ce pessimisme, qui n'épargne que le secteur agroalimentaire, est particulièrement marqué dans les entreprises de taille moyenne (100 à 500 salariés) : après avoir réduit leurs investissements de 9% l'année dernière, elles devraient les diminuer encore de 1% cette année.Autant dire qu'il ne faut pas compter sur les entreprises pour relancer l'activité à coups d'investissements. Tous ces éléments n'incitent pas à l'optimisme. Laure Maillard, chez CDC-Ixis, estime en conséquence que sa prévision d'une croissance de 0,4% de l'économie française en 2003 pourrait ne pas être atteinte, tandis que le chômage devrait, selon elle, continuer à augmenter, pour atteindre la barre des 10%.
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