La France conserve une croissance positive

Par ces temps si difficiles de conflits sociaux et de conjoncture morose, le gouvernement va pouvoir pousser un "ouf" de soulagement: la France a bien évité de tomber en récession au premier trimestre 2003. Elle a même fait un peu mieux qu'attendu, affichant une croissance de 0,3%, au lieu des 0,2% envisagés ces derniers jours. Sur un an, la croissance a ralenti, passant de 1,5% au quatrième trimestre 2002 à 1,1%.Mais même s'il n'a rien de glorieux, ce résultat est tout de même d'autant plus appréciable qu'il contraste avec celui de certains de nos voisins: l'Allemagne et les Pays-Bas, en particulier, sont tombés en récession au trimestre dernier. Et l'ensemble de la zone euro a sans doute enregistré une croissance nulle sur la période.Pour la France, il était vital d'obtenir une croissance positive au premier trimestre. Ayant affiché un repli sur les trois derniers mois de 2002, avec -0,1%, notre économie serait entrée techniquement en récession en cas de réédition d'une telle contre-performance: deux trimestres de croissance négative de suite constituent en effet la définition de la récession.Selon les chiffres publiés mardi par l'Insee, les dépenses de consommation des ménages se sont encore comportées convenablement au premier trimestre, progressant de 0,6%, soit légèrement plus que durant les trois trimestres précédents (+0,4%). Les perspectives de guerre en Irak et la dégradation de la situation de l'emploi n'ont donc finalement pas trop pesé sur le moral des ménages durant cette période.Au niveau des investissements, une légère reprise a été engagée, avec +0,4% pour l'investissement total, contre -1,1% au dernier trimestre 2002. Cet investissement total a contribué pour 0,1 point à la croissance sur le trimestre. Ce sont les entreprises qui se sont le mieux comportées en la matière, avec une progression de 0,5% de leurs investissements, après un repli de 1,7% au quatrième trimestre 2002. Une autre bonne surprise est à mettre au crédit des entreprises: selon les chiffres publiés par l'Insee, un mouvement de reconstitution des stocks a été engagé au premier trimestre. Sur les trois premiers mois de 2003, les variations de stocks ont contribué pour 0,2 point à la croissance alors qu'en 2002 et 2001, le déstockage avaient amputé l'activité de 0,7 et 0,4 point. C'est finalement au chapitre des échanges extérieurs que les chiffres sont les moins bons, avec un impact sur la croissance négatif de -0,4 point. Les exportations ont en effet reculé de 0,7% (après -0,5% au dernier trimestre 2002) tandis que les importations ont affiché une hausse de 0,7% (après -0,6% au quatrième trimestre). Un phénomène qui ne peut que s'accentuer avec la chute continue du dollar, qui rend plus difficiles les ventes à l'étranger des produits français.Cependant, la performance honorable annoncée ce matin ne doit pas faire illusion: le plus dur pourrait être à venir. La dégradation continue du marché du travail pourrait en effet finir par venir à bout des appétits consuméristes des ménages et dans ces conditions, il n'est pas certain que le léger mieux observé le trimestre dernier sur le front de l'investissement des entreprises se poursuive. Pour l'instant, le gouvernement ne retient pas ce scénario déprimant et table sur une reprise graduelle au cours de l'année. Pour les pouvoirs publics, ce rebond devrait permettre à la France d'afficher cette année une croissance de 1,3%. Le pari n'est pas gagné d'avance... Prudents, certains experts tablent sur une performance bien plus faible de l'économie française. Ainsi pour Laure Maillard, économiste chez CDC-Ixis, la hausse du PIB devrait être limitée à 0,7%.
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