Le moteur de l'Europe redémarre. Pour de bon ?

Par latribune.fr  |   |  427  mots
Dans l'entretien qu'il a accordé hier au Figaro, Jacques Chirac l'a redit: "Lorsque l'Allemagne et la France s'entendent, l'Europe progresse, lorsqu'elles ne s'entendent pas, l'Europe s'arrête. C'est une constatation. Ce n'est pas l'affirmation d'une volonté hégémonique."Ce n'est pas forcément ainsi que les choses sont perçues dans d'autres capitales européennes, à commencer par Londres... Mais la volonté de faire renaître l'acte franco-allemand est évidente, et ne présente pas que des désagréments pour le reste de l'Europe. Comme on se plait à le souligner au plus haut niveau du gouvernement, "tout ce qui se décide au niveau franco-allemand est fait pour avancer l'Europe."La question est désormais de savoir quels résultats on entend obtenir au delà de la beauté des symboles - un conseil des ministres en présence de Gerhard Schröder, deux parlements réunis à Versailles, etc. De ce point de vue, il est beaucoup trop tôt pour juger. Les premiers éléments dont on dispose permettent tout juste de cerner les bienfaits et les limites potentiels de l'exercice.Que Paris et Berlin proposent ensemble une présidence bicéphale de l'Europe, et aussitôt la discussion reprend avec force sur l'avenir des institutions européennes. "Au moins, on a relancé le débat," constate avec satisfaction l'un des architectes de la proposition. Et, de fait, l'impact est à la fois positif et réel.Mais marier des positions différentes sinon contradictoires sans vraiment renoncer à ses convictions - "l'Allemagne étant plus fédéraliste, la France mettant plus l'accent sur la coopération entre les Etats," dixit Jacques Chirac - est un exercice hautement délicat. Le compromis franco-allemand a été ainsi accueilli par un tir de barrage émanant de plusieurs de nos partenaires. Bancal, impossible à faire fonctionner, jugent-ils en substance.L'ambition de Paris et Berlin va bien au delà de la réforme des institutions. Chaque ministre des deux pays va recevoir une "feuille de route" assortie d'une "obligation de résultats" sur les dossiers qu'il devra faire avancer avec son homologue de l'autre rive du Rhin. On parle de coordination de politique économique. On évoque une politique industrielle unique. On songe à une réforme de la protection sociale élaborée en commun.Pour l'instant, les gouvernements français et allemand font assaut de propositions et de bonne volonté. Mais c'est seulement au moment où il faudra réaliser de réels sacrifices mutuels pour faire avancer la cause commune que le progrès accompli pourra être mesuré. Et ce moment reste à venir.