La Grande-Bretagne se rallie aux normes d'inflation de la zone euro

Par latribune.fr  |   |  552  mots
C'est un petit pas en direction de la zone euro qu'a franchi aujourd'hui la Grande-Bretagne. A l'occasion de la présentation du "pré-budget" pour l'année fiscale 2004-2005, le chancelier de l'Echiquier Gordon Brown a en effet annoncé qu'à partir d'aujourd'hui, le pays va utiliser l'indice d'inflation harmonisé des pays de la zone euro (le HICP) comme principale mesure de la hausse des prix.Attendue, cette décision d'apparence très technique entraîne des conséquences immédiates: la Banque d'Angleterre voit son objectif d'inflation changer. Jusqu'ici, cet objectif s'élevait à 2,5%. Mais avec la nouvelle norme d'inflation, la Banque d'Angleterre devra désormais viser une inflation annuelle maximum de 2%. Un chiffre qui, ce n'est pas une coïncidence, est identique à celui de la Banque centrale européenne.Cette initiative du gouvernement britannique peut ainsi être interprétée comme une mesure significative d'harmonisation des pratiques du Royaume-Uni en matière de politique économique avec celles de la zone euro. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, que la Grande-Bretagne soit sur le point de se rallier à la monnaie unique. Le même chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, doit se prononcer au printemps prochain sur le respect des critères qu'il a définis, décrivant les conditions à remplir pour qu'une entrée de la Grande-Bretagne dans la zone euro respecte les intérêts du pays. Lors de son dernier examen de la question, le 9 juin dernier, le chancelier avait conclu que quatre des cinq critères n'étaient pas respectés. Mais il avait alors énuméré une série de réformes indispensables à la bonne adaptation de l'économie britannique à la zone euro. L'initiative annoncée aujourd'hui s'inscrit dans ce cadre et correspond à la ligne définie par Tony Blair sur la question: faire le nécessaire pour que le Royaume-Uni puisse effectivement, à terme, adopter l'euro, la décision finale étant repoussée à plus tard. Dans le même ordre d'idées, le gouvernement a décidé de présenter l'année prochaine un projet de loi permettant un référendum sur l'euro, dans l'éventualité où les cinq critères économiques seront remplis. Reste que toutes ces mesures de préparation ne préjugent pas de la décision finale du pays, car elles ne changent rien à la dimension politique du problème. Or, de ce point de vue, les choses ne s'arrangent pas: à en croire le dernier sondage réalisé sur la question, les Britanniques, avec 62% d'électeurs hostiles à l'adoption de l'euro, sont plus éloignés que jamais de voter Oui à la monnaie unique dans un référendum...Pour le reste, Gordon Brown a maintenu ses prévisions de croissance pour 2004 et 2005. Selon celles-ci, le Produit intérieur brut de la Grande-Bretagne enregistrera une croissance comprise entre 3 et 3,5% pour chacune de ces deux années, après 2,1% en 2003. "La Grande-Bretagne vit sa plus longue période de croissance en temps de paix depuis que les statistiques ont commencé en 1870", a-t-il affirmé. Le Chancelier a également décidé d'augmenter de 10 milliards de livres (14,3 milliards d'euros) le montant des emprunts publics pour l'année fiscale en cours (avril 2003-mars 2004), à 37 milliards de livres contre 27 milliards prévu au printemps. Pour 2004/05, il table à présent sur des emprunts publics de 30 milliards de livres contre 24 milliards prévu initialement.