Greenspan prône rigueur budgétaire et attentisme

La croissance économique aux Etats-Unis dépendra beaucoup de la levée des incertitudes sur une éventuelle guerre en Irak, a estimé mardi au Congrès le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Alan Greenspan. Présentant son rapport bi-annuel sur la politique monétaire et l'économie américaine aux membres de la commission bancaire du Sénat, Alan Greenspan a rappelé que l'augmentation des tensions géopolitiques n'avait fait qu'ajouter "aux incertitudes qui se sont accumulées ces trois dernières années, créant de formidables barrières à l'investissement et ainsi à la reprise d'une expansion vigoureuse de l'ensemble de l'activité économique".Sans prononcer le mot "guerre", le président de la Fed a ajouté : "Si ces incertitudes diminuent considérablement à court terme, nous devrions pouvoir bien mieux dire si nous avons affaire à (...) une économie destinée à croître plus rapidement, ce qui est notre attente la plus probable, ou à une économie se débattant encore avec des tensions persistantes". Discipline budgétaire Alors que le Congrès s'apprête à débattre du projet d'allégements fiscaux présenté en janvier par George W. Bush, le président de la Fed a ajouté que les prévisions budgétaires actuelles des Etats-Unis "donnent à réfléchir" et que des mesures de discipline s'imposent sans délai. "Il ne devrait y avoir que peu de désaccord sur la nécessité de restaurer la discipline budgétaire", a-t-il déclaré, en soulignant l'"urgence" d'une redéfinition des règles de discipline. "Si les mécanismes encadrant le processus budgétaire n'étaient pas restaurés, je crains que le manque d'orientation claire et d'objectifs constructifs qui en résulterait ne permette à la tendance politique naturelle au creusement des déficits de reprendre le dessus", a-t-il expliqué. La croissance économique seule ne peut effacer les déficits et remplacer la discipline budgétaire, a-t-il rappelé. Ces remarques sont apparues comme une pierre dans le jardin du président Bush, dont le coûteux programme de relance économique devrait entraîner un déficit record pour 2003 et 2004: 304 milliards de dollars de déficit budgétaire cette année et 307 milliards l'année prochaine. Alan Greenspan a cependant ajouté qu'il avait toujours été d'accord avec la suppression de l'impôt sur les dividendes payé par les investisseurs, un point qui figure au programme de George Bush et qui doit encore être voté par le Congrès.Le président de la Fed a par ailleurs indiqué que le chômage pourrait augmenter durant l'année en cours, à un taux estimé entre 5,75% et 6% , alors que le chiffre escompté était entre 5,25% et 5,5% de la population active. Quant à l'inflation, elle serait moins élevée que prévu, entre 1,25 % et 1,5 % contre le pronostic précédent de 1,5 % à 1,75 %.Sans surpriseLes premières réactions des analystes au discours d'Alan Greenspan étaient mitigées. "Greenspan n'est pas aussi optimiste que prévu, même si les prévisions de la Fed, qui table sur une croissance de 3,25 à 3,50 % en 2003, sont meilleures qu'on ne le pensait" jugeait Joe La Vorgna, économiste en chef chez Deutsche Bank Securities. Pour Eric Green, chef économiste chez BNP Paribas à New York, "Greenspan a évité de se lancer dans une politique fiscale pour stimuler l'économie. Il réfléchit en fait à l'économie de l'après-Irak, et c'est l'élément le plus important de son discours. Il suggère que le comité monétaire de la Fed et le Congrès ne devraient pas bouger, du moins jusqu'à ce qu'on ait une idée claire de la situation après la crise". Mais plusieurs analystes notaient que le discours de Greenspan était absolument sans surprise et n'apportait aucun élément nouveau. "C'est exactement ce à quoi nous nous attendions", observait Joe Stocke, directeur du fonds d'investissement Stoneridge Partners. Aussi Josh Stiles, autre économiste cité par Reuters, ne jugeait guère étonnant le manque de réaction initiale des marchés.
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