L'économie japonaise toujours ravagée par la déflation, selon S&P

A l'heure où le spectre de la déflation est agité par certains aux Etats-Unis ou en Europe, il n'est que de regarder le cas du Japon pour se convaincre, si besoin en était, des dégâts que peut causer un tel phénomène.C'est ce que rappelle à nouveau aujourd'hui Standard & Poor's dans un rapport sur la situation du pays. Conclusions de l'agence de notation: la persistance de la déflation, les créances douteuses du système bancaire, le déficit public et l'endettement élevé de l'Etat continuent de menacer la note de la dette à long terme du Japon. S&P maintient certes pour le moment la note AA- de la dette à long terme, mais l'agence prévient qu'elle envisage toujours de la rétrograder. Car les experts de S&P sont toujours pessimistes quant à l'évolution économique du Japon. "Il va être à court terme très difficile au gouvernement japonais de faire face à ses problèmes les plus urgents: vaincre la déflation, améliorer la situation des mauvaises créances du secteur bancaire et stabiliser les déficits budgétaires et l'endettement", souligne le communiqué de l'agence. Or, poursuit le texte, "si la déflation n'est pas jugulée, les créances douteuses du système bancaire et les finances de l'Etat vont se détériorer et affaiblir la note de la dette souveraine". Et si la situation ne s'améliore pas dans les douze ou vingt-quatre mois, alors "il est très probable que nous réduisions la note", a déclaré à l'AFP l'auteur du rapport, Takahira Ogawa. A l'inverse, "s'il y a des évolutions positives de la politique économique, si le Japon peut se sortir de la déflation, (la note) pourrait être maintenue" et sa perspective d'évolution être revue à la hausse. Dans l'immédiat, tous les indicateurs de la situation économique du pays sont au rouge. Le déficit budgétaire, officiellement estimé à 8% du PIB, devrait se maintenir à ce niveau pendant plusieurs années, selon S&P. L'endettement de l'Etat est évalué officiellement à 140% du PIB, le ratio le plus élevé des pays industrialisés. Surtout, la déflation continue de plus belle. En baisse depuis près de quatre ans, les prix ont continué de reculer en mai en glissement annuel, l'indice des prix à la consommation perdant 0,2%, après avoir baissé de 0,1% en avril. Or, cette baisse des prix grève les bénéfices des entreprises et augmente leur endettement en termes réels, les conduisant à réduire effectifs et salaires, décourageant la consommation et faisant à nouveau pression sur les prix. C'est bien là l'engrenage infernal de la déflation, dont le Japon est le seul pays industrialisé à souffrir réellement pour le moment. La possibilité de voir un tel phénomène s'enclencher aux Etats-Unis a vu les autorités de la Réserve fédérale se mobiliser ces dernières semaines et affirmer fortement leur détermination à tout mettre en oeuvre pour enrayer toute velléité de déflation. S'agissant du Japon, S&P ne se veut malgré tout pas complètement négatif: l'agence met également en avant quelques éléments encourageants: "bien que ses perspectives de croissance soient faibles, ce pays a d'importants points positifs: une main d'oeuvre hautement qualifiée, un leadership mondial dans des secteurs manufacturiers tels que l'électronique et l'automobile, de même que les nanotechnologies et les sciences de la terre et un taux élevé d'épargne du secteur privé".
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