La criée n'a pas forcément dit son dernier mot à New York

C'est peut-être la fin d'une époque. Alors que les Européens d'Eurex cherchent désespérément à imposer leur méthode de transaction électronique aux marchés à terme de Chicago, à New York c'est la Securities and Exchange Commission qui pourrait sonner le glas de la criée. En effet, alors que le travail des "spécialistes", ceux qui animent, justement, la criée en offrant une contrepartie aux acheteurs ou aux vendeurs, est dans le collimateur de l'autorité de tutelle des marchés, la SEC va demander, sous la pression des investisseurs, à ce que la plus grande Bourse du monde fasse une étude sur ce système. Pour qu'elle en soit moins dépendante. La SEC a effet l'intention de lancer une consultation auprès des banques, des intermédiaires financiers et des investisseurs institutionnels. Elle souhaite avoir leur opinion sur les avantages respectifs des deux techniques, criée et électronique. Et imposer à terme l'électronique. Si la SEC réussit dans son initiative, ce sera, à n'en pas douter, une véritable révolution, dans l'histoire deux fois centenaire de la Bourse de New York. En fait, le NYSE fait figure de dinosaure. C'est en effet la dernière grande Bourse à fonctionner avec la criée.Une criée qui permet aux spécialistes de marier certes les ordres des clients, mais aussi d'intervenir pour leur propre compte. Et quelquefois au détriment des clients... Mais encore faut-il, pour que l'électronique soit adoptée, que les membres de la Bourse soient d'accord. Or, parmi les membres, figurent les spécialistes, qui ne jurent évidemment que par la criée. Certains observateurs ne donnent pas cher de cette initiative. D'autres estiment que même une introduction partielle de l'électronique, au moins pendant une période de transition, aura du mal à être acceptée par les membres. De plus, les spécialistes auront beau jeu de mettre en avant ce qui s'est passé ailleurs, il y a plusieurs années : certains emplois, avec l'introduction de l'électronique, pourraient en effet disparaître. En cette période de reprise sans emploi, l'argument a du poids. Mais il s'agit aussi de redorer le blason de la Bourse, pour permettre aux investisseurs du monde entier d'être traités le mieux possible et au meilleur prix de marché. Et cela, justement, aux yeux de la SEC, n'a pas de prix.
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