Menaces sur la consommation américaine

Sale temps pour la consommation américaine. Alors que de nombreux observateurs commençaient à fêter la reprise et s'attendaient à une nouvelle consolidation de la consommation, deux chiffres sont venus briser brutalement ces espoirs. Ainsi, l'indice de confiance de l'Université du Michigan a subi, pour la deuxième fois consécutive, un recul en septembre. L'indice se situe ainsi à 88,2 contre 89,3 en août. Il s'agit de son plus bas niveau depuis avril dernier. Le consensus Reuters s'attendait au contraire à une hausse de 0,7 point à 90. Parallèlement, un peu plus tôt, on apprenait que les ventes au détail pour le mois d'août n'avaient progressé que de 0,6%, contre 1,4% attendu par les économistes.Concernant l'indice de confiance de l'Université du Michigan, le recul est sensible aussi bien en ce qui concerne la situation actuelle que pour ce qui est des attentes. Le sous-indice mesurant l'appréciation de la situation courante des ménages est ainsi en recul de 0,8 point à 98,9, tandis que celui mesurant les perspectives pour les six mois à venir marque un recul de 1,2 point à 81,3. En bref, si l'on en croit cette étude, le consommateur américain voit sa situation actuelle se dégrader et n'envisage pas dans l'immédiat d'évolution positive à court terme. Du coup, le chiffre des ventes de détail publiées un peu plus tôt s'explique mieux. La hausse de 0,6% marque un ralentissement par rapport à juillet où la hausse était de 1,3%. Hors automobile, leur augmentation s'est établie à 0,7% en août, contre une hausse de 1,0% en juillet. Pour les économistes, ces deux chiffres constituent une déception. Leurs pronostics optimistes s'appuyaient sur la bonne tenue récente du moral des ménages, favorisée par les réductions d'impôt engagées par l'administration Bush. Les experts tablaient également sur les achats liés à la rentrée scolaire pour stimuler la consommation.En fait, certains économistes s'attendaient à un affaiblissement de la consommation d'ici six mois, une fois effacés les effets de la baisse des taux et de la réduction des impôts. Mais ces deux chiffres montrent combien est fragile la reprise actuelle de l'économie, fondée avant tout sur la reprise des investissements. "La consommation des ménages a ralenti de façon spectaculaire, estime ainsi John Person, analyste chez Infinity Brokerage Services, cité par Reuters, cela pourrait indiquer que la température de l'économie devient plus fraîche que ce que les gens espéraient".Raison principale de cette prudence des ménages: les inquiétudes suscitées par la situation de l'emploi. La reprise économique actuelle se caractérise en effet par l'absence de création d'emplois et le chômage, qui touche actuellement 6,4% de la population active, est toujours orienté à la hausse. Sans soutien de la consommation, l'économie américaine pourrait donc manquer de relais de croissance et la reprise retomber rapidement comme un soufflé. Mais, selon Véronique Riches-Flores, économiste chez Société Générale, le danger principal est de voir cette méfiance des consommateurs se traduire par un effondrement du marché immobilier. On sait qu'un tel scénario avait plongé le Japon dans une déflation de dix ans au début des années 1990. Ce danger qu'on disait écarté se rappelle donc au bon souvenir de chacun ce vendredi.Les marchés ne s'y sont pas trompés. Vendredi en fin d'après-midi, l'euro valait 1,1299 dollar, contre 1,1176 dans la matinée. Quant au marché boursier parisien, il est passé dans le rouge à l'annonce des ventes de détail. Le chiffre du Michigan a accéléré encore ce recul. A la clôture, le CAC accusait une baisse de 0,77%. A New York, le Dow reculait au même moment de 0,42% et le Nasdaq de 0,69%.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.