Derrière le conflit, le business

Les troupes anglo-américaines déployées en Irak n'ont pas encore trouvé de stocks d'armes de destruction massive. Saddam Hussein est apparemment en fuite, en tout cas introuvable. En revanche, s'il est un objectif que l'administration Bush a pour l'heure rempli, c'est bien de positionner ses entreprises dans la course aux marchés de la reconstruction du pays détruit par trois semaines de bombardements intensifs et meurtriers.La controverse autour des contrats d'abord octroyés à Halliburton, l'entreprise qu'a longtemps dirigé le vice-président américain Dick Cheney, avant d'être finalement annulés, n'a été que la partie émergée de l'iceberg. Depuis quelques semaines, les lobbies s'activent dans les couloirs du Congrès, particulièrement dans le secteur des nouvelles technologies.Ainsi, le marché des futurs réseaux de télécommunications irakiens fait l'objet de convoitises qui ne sont même pas voilées. La meilleurs preuve en est que Darrell Issa, représentant républicain de l'Etat de Californie, a multiplié les pressions auprès de l'Agence américaine pour l'aide au développement afin que l'Irak fasse le bon choix en matière de réseau de téléphonie mobile. Comprendre : que le pays opte pour la norme CDMA, concurrente américaine du GSM qui, lui, est plutôt d'obédience européenne. Savoir que ce représentant compte Qualcomm, équipementier créateur du CDMA, dans sa circonscription, ne surprendra personne.Autres probables bénéficiaires de l'opération de "libération" de l'Irak par l'US Army : les deux américains Lucent et Motorola. Car, au-delà du réseau de téléphonie mobile, c'est l'ensemble des infrastructures de télécommunications irakiennes qui devra être reconstruit après avoir été méthodiquement détruit. De toute façon, avant même le déclenchement du conflit, le nombre de lignes pour 100 habitants avait chuté de 5 à 3 durant la dernière décennie d'embargo et de bombardements sporadiques.Alcatel, qui avait mis au point la quasi-totalité des réseaux télécoms en Irak doit en tout cas se préparer à en être évincé. Et sans doute doublement, puisque lorsque le pays aura besoin de lancer des satellites pour ses télécommunications à plus long terme, l'opérateur américain PanAmSat a d'ores et déjà dit qu'il se tenait prêt pour répondre à ses besoins.Dans leurs accès de francophobie d'avant le conflit, les puissants médias américains n'avaient cessé de stigmatiser les intérêts mercantiles des Français et des Russes à s'opposer à une guerre qui allait les priver d'un marché irakien pourtant tout sauf très solvable. Quelques semaines plus tard, les entreprises américaines s'apprêtent à faire main basse sur tout un pays. Avec comme justification "évidente" d'avoir fait le sale boulot et que ce n'est certainement pas à fonds perdus.
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