Brutale détérioration de l'emploi aux Etats-Unis

Le début de l'année laissait espérer une timide reprise de la situation de l'emploi aux Etats-Unis, puisque l'on avait enregistré 185.000 créations nettes d'emplois en janvier 2003*. Mais les statistiques publiées aujourd'hui par le département du Travail révèlent une détérioration brutale en février, puisque 308.000 emplois nets ont été supprimés le mois dernier. Ce chiffre est bien plus sombre que prévu, le consensus Reuters misant sur une création de 8.000 postes.Le taux de chômage remonte donc de 0,1 point pour atteindre 5,8% de la population active en février. Tous les secteurs perdent des emplois: les services en ont supprimé 86.000, le bâtiment 48.000 et l'industrie 53.000. La mauvaise surprise vient du commerce de détail qui a brutalement tranché sur ses effectifs et supprimé 92.000 emplois en février. Un chiffre qui efface presque complètement les 100.000 nouveaux emplois créés dans ce secteur en janvier. Selon l'analyse du département du Travail et de plusieurs économistes, le marché de l'emploi aurait beaucoup souffert de l'énorme tempête de neige qui s'est abattue ces dernières semaines sur la côte Est des Etats-Unis. Cloîtrés chez eux, les Américains ont déserté les magasins."C'est comme si toutes les incertitudes sur l'Irak minaient les décisions d'embauche et d'investissement des entreprises", et cela "ramène sans doute le risque d'une replongée dans la récession", estime pour sa part l'économiste Sal Gatieri, de BMO Financial Group, cité par l'AFP. Reste qu'un autre facteur pourrait en partie expliquer ces pertes d'emploi étonnamment élevées: le rappel des 150.000 réservistes de l'armée à la mi-février, selon Tom Nardone, un responsable du service statistique du département du Travail. En effet, lorsqu'un réserviste américain est rappelé et quitte son emploi, son poste est considéré comme perdu dans la statistique. Pour Cary Leahey, économiste chez Deutsche Bank Securities, interrogé par Reuters, "la mobilisation des réservistes peut expliquer la destruction d'environ 100.000 emplois. Mais même sans cela, il y a une forte détérioration de l'emploi".Ces statistiques ne remonteront pas le moral, déjà bien bas, des ménages et des entreprises outre-Atlantique. Préoccupés par les conséquences d'un conflit avec l'Irak, mais aussi par le caractère fragile de la reprise engagée aux Etats-Unis, les ménages ont réduit en janvier leurs dépenses de consommation de 0,1%. Et leur taux d'épargne est passé à 4,3% contre 3,9% en décembre. Attentistes comme les entreprises, les ménages préfèrent reporter certains achats.Par ailleurs, le recul de l'indice composite d'activité du secteur industriel aux Etats-Unis, calculé par le Groupement national des directeurs d'achat des entreprises du secteur (ISM), a confirmé la morosité qui prévaut dans les entreprises. L'indice a en effet fortement baissé, tombant à 50,5 en février contre 53,9 (chiffre révisé) en janvier. Suite à la publication de ces chiffres, les marchés, déjà nerveux à l'approche de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la crise irakienne (lire ci-contre), battent de nouveaux records à la baisse. Certes, deux heures après l'ouverture de Wall Street, les indices américains restent proches de l'équilibre. Mais les grandes places européennes affichent des niveaux jamais vus depuis six ans. Ainsi en fin d'après-midi, l'Euro Stoxx 50 lâche 2,5% et le CAC 40 termine sous les 2.600 points, un record depuis juin 1997. Enfin, ces nouvelles renforcent un peu plus l'euro face au billet vert, propulsant la devise européenne à 1,1020 dollar contre 1,0971 la veille au soir.* chiffres révisés, publiés aujourd'hui par le département américain du Travail.
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