Détérioration surprise de l'emploi américain

Les chiffres du chômage publiés en décembre montrent une nette aggravation du marché de l'emploi aux Etats-Unis. L'économie américaine a détruit 101.000 emplois le mois dernier, contrairement au scénario des économistes qui, selon le consensus Reuters, prévoyait 22.000 emplois créés. Ce sont les pires statistiques depuis le mois de février, où l'on avait enregistré la perte de 165.000 postes. Au total, en 2002, l'économie américaine a détruit 181.000 emplois.Le taux de chômage reste inchangé depuis novembre, se maintenant à 6 % de la population active. Mais il faut noter que le département américain du Travail a révisé ses statistiques de novembre à la baisse: ce ne sont pas 40.000 mais 88.000 emplois qui ont été détruits ce mois-là. Les chiffres ont également été révisés pour octobre: 69.000 emplois ont été créés, au lieu des 86.000 précédemment annoncés. Le secteur de la distribution est le principal responsable de la dégradation, puisqu'il perd 104.000 emplois. Vient ensuite l'industrie manufacturière qui a détruit 65.000 postes. Les emplois publics et les services n'ont que partiellement compensé cette hémorragie - le secteur des services ayant pour, sa part, créé 73.000 emplois en décembre."Ces statistiques, pires que celles que nous attendions, soulignent la faiblesse persistante de l'économie américaine. La situation de l'emploi préoccupe vivement l'administration américaine - témoin le plan de relance dévoilé par le président Bush cette semaine. Et il est peu probable qu'elle s'améliore dans les prochains mois, car les entreprises vont continuer à réduire leurs effectifs", commente René Defossez, économiste chez CDC Ixis. "Nous sommes surpris, ces chiffres sont vraiment très en-dessous de ce que nous attendions", estime pour sa part Hugh Johnson, analyste chez First Albany à New York. "Ce sera positif pour les obligations et négatif pour la Bourse. Cela ne m'étonnerait pas qu'on reperde au moins la moitié des gains réalisés hier. A mon avis, les économistes vont être plus nombreux à se demander si la Fed ne va pas baisser ses taux à 1% contre 1,25% actuellement. Personnellement, je pense que c'est encore un peu prématuré d'y penser, mais c'est une idée qu'on va entendre de plus en plus", poursuit l'économiste.Selon le porte-parole de la Maison blanche, George Bush s'est d'ailleurs immédiatement déclaré "très préoccupé" par ces chiffres... histoire de mettre la pression sur le Congrès pour faire valider d'urgence un plan de relance très critiqué.Ce plan, qui prévoit d'injecter 674 milliards de dollars sur dix ans dans l'économie, favoriserait, selon le gouvernement, la création de deux millions d'emplois à terme. En principe il ne sera adopté par le Congrès qu'au printemps. A Paris, le CAC 40, qui progressait à 3.185,43 points peu avant la publication des chiffres du département américain du Travail, a initialement marqué le coup en tombant à 3.108,56. Il s'est ensuite redressé à 3.160,13 points à la clôture. A New York, après une ouverture en baisse d'environ 1%, les marchés boursiers se sont bien repris. En fin d'après-midi, le Dow Jones gagnait 0,15 % , tandis que le Nasdaq progressait de 0,9 %.Le dollar, en revanche, n'a pas réussi à se redresser. Bien au contraire, il est tombé à son plus bas niveau depuis octobre 1999. En fin d'après-midi, l'euro s'échangeait à 1,054 dollar, contre 1,0488 jeudi soir à New York.
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