ThyssenKrupp réduit volontairement sa taille

On attendait des changements, il s'agit presque d'une révolution... Le numéro trois mondial de la sidérurgie, ThyssenKrupp, a annoncé à l'issue de son conseil de surveillance de grandes modifications dans son organisation et son périmètre. Pour commencer, le groupe a annoncé une cure d'amaigrissement de grande ampleur. Dans son communiqué, ThyssenKrupp a annoncé que la vente d'activités représentant en tout 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires était envisagée. Aucun détail n'a été fourni, mais ce chiffre est impressionnant. Il représente près de 18 % des ventes totales du groupe. Depuis sa création en 1999, le groupe n'avait vendu que des activités représentant des ventes cumulées de 2,6 milliards d'euros. Néanmoins, le groupe d'Essen entend, malgré tout, continuer à grandir "grâce à sa croissance organique et à des acquisitions stratégiques". Le chiffre d'affaires total du groupe devrait "à moyen terme" atteindre 40 à 46 milliards d'euros, contre 36 milliards aujourd'hui. Par ailleurs, pour réaliser son objectif de progression de 2 à 3 % de sa productivité par an, le groupe a décidé de fusionner sa division Matériaux et sa division Services dans une seule division appelée Services.Dès ce matin, on savait que ce conseil de surveillance devait sonner l'heure du désinvestissement. Le quotidien allemand Die Welt avait, dans son édition de lundi, indiqué qu'un plan de cession d'actifs devait être présenté au conseil de surveillance du groupe d'Essen. Selon Die Welt, ThyssenKrupp devrait notamment céder le fabricant de portes de garage Novofern. L'ensemble des cessions devait rapporter un milliard d'euros.Il se confirme donc que le groupe a cédé à la pression exercée par les agences de notation. Après le passage au rang de "junk bond" par S&P le mois dernier, ThyssenKrupp est passée sous "surveillance négative" chez Moody's jeudi. Cette dernière information pourrait être le prélude à une nouvelle dégradation qui, là aussi, ferait entrer le groupe dans la catégorie "junk bond". De son côté, Fitch est plus optimiste, mais avec les notes BBB- à long terme et F3 à court terme, Thyssen Krupp reste plutôt mal noté.Trois dangers pèsent en fait sur le groupe. D'abord, la faiblesse de la demande outre-Rhin, notamment dans l'automobile, qui continue de faire pression sur les profits. Ensuite, la dette est élevée. Avec un ratio dettes nettes sur fonds propres de 60% et un endettement s'élevant à près de 5 milliards d'euros, Moody's s'inquiète de l'absence de retour "à un cash-flow solide". Enfin, les agences redoutent plus que tout les obligations liées aux fonds de pension du groupe. Avec la chute des marchés, ThyssenKrupp devra abonder, selon Schroders, pour plus de 17 milliards d'euros les fonds de pension de ses salariés. A l'issue du conseil de surveillance, le groupe a enfin annoncé avoir racheté 3,29 % de son propre capital à la holding iranienne IFIC, faisant passer la part de cette dernière sous les 5 %. Il s'agit pour le groupe d'éviter les "restrictions menaçantes" due à la législation américaine anti-iranienne. Ces 16,9 millions d'actions ont été rachetées au prix de 406 millions d'euros. Le groupe a donc réalisé ce rachat avec une prime de 166 % par rapport au prix du marché. Désormais il entend "réintroduire progressivement ces actions sur le marché à moyen terme". Il reste que le marché s'inquiète de cette politique de désinvestissement massif. Le titre reculait ainsi de 5,95% à 8,85 euros vers 18 heures.
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