L'Irak rejette l'ultimatum américain

C'est en uniforme - l'image est forte - que Saddam Hussein a présidé aujourd'hui la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. "Cette bataille sera l'ultime bataille de l'Irak contre les vilains tyrans et l'ultime bataille d'agression menée par l'Amérique contre les Arabes", a-t-il affirmé, assurant à l'attention des Irakiens que "grâce à Dieu, vous allez réaliser la victoire et votre ennemi sera défait". Dans le même temps, les plus hautes instances dirigeantes irakiennes, à savoir le Conseil de commandement de la Révolution (CCR) et la direction du parti Baas au pouvoir, ont rejeté l'ultimatum américain adressé à l'homme fort de Bagdad et à sa famille. Selon la télévision irakienne, la réunion du CCR et du parti Baas a condamné "l'ultimatum méprisable du président américain George W. Bush", en soulignant que "l'Irak ne choisit pas sa voie sur ordre de l'étranger et ses dirigeants par des décrets de Washington, Londres et Tel-Aviv". En outre, un peu plus tôt dans la journée, le fils aîné de Saddam Hussein, Oudaï, avait également rejeté l'ultimatum adressé par le président américain en déclarant: "cette proposition ayant été faite par un individu inapte, nous allons l'améliorer en proposant que ce soit Bush qui quitte le pouvoir avec sa famille".Les Etats-Unis exigent que Saddam Hussein partent en exil, faute de quoi ce sera la guerre : 250.000 soldats américains sont massés autour de l'Irak et n'attendent qu'un feu vert du président Bush. Mais même si l'ultimatum expire à 2 heures 15 du matin jeudi (heure française), le camp des "anti-guerre" ne désarme pas. En France, Jacques Chirac s'est à nouveau opposé aux Etats-Unis. Dans une déclaration à la presse au ton solennel, le président français a dénoncé l'ultimatum lancé quelques heures plus tôt par son homologue américain à Saddam Hussein. Tout en prenant soin de réaffirmer que le désarmement de l'Irak était "nécessaire" et en jugeant "souhaitable" un changement de régime à Bagdad, le président français a estimé qu'"il n'y a pas là de justification à une décision unilatérale de recours à la guerre". Le recours à la force sans l'aval de l'ONU "est une décision grave, alors que le désarmement de l'Irak est en cours et que les inspections ont démontré qu'elles étaient une alternative crédible pour désarmer ce pays", a assuré Jacques Chirac. Le chef de l'Etat a par ailleurs rappelé que la position de la France était partagée par "la grande majorité de la communauté internationale", faisant ainsi implicitement référence à l'Allemagne, à la Russie et à la Chine. Malgré tout, Paris ne se fait plus guère d'illusions sur les chances d'éviter un conflit. La France a d'ailleurs demandé à son représentant à Bagdad de quitter la capitale irakienne. Ce dernier s'est exécuté et a pris la route de la Jordanie. Les marchés toujours optimistesPour les marchés financiers également, il ne fait guère de doutes qu'une intervention américaine est proche. Une fois levée l'hypothèque irakienne, les investisseurs anticipent une reprise économique et un rebond des cours. Ils sont donc revenus à l'achat sur les actions après de longs mois de défiance qui avaient profité à des placements plus sûrs comme les obligations ou l'or. Aujourd'hui à Wall Street, l'heure est cependant aux prises de bénéfices après une séance d'hier qui a vu le Dow Jones et le Nasdaq s'octroyer des gains de plus de 3,5%. En milieu de matinée à New York, le Dow Jones gagne 0,16% et le Nasdaq recule de 0,17%. En Europe, la tonalité est également mitigée. Si Francfort et Londres s'inscrivent en hausse vers 17 heures 30, à l'inverse Paris se replie. En clôture, le CAC 40 recule de 1,30%. L'indice Euro Stoxx 50, donnant la tendance des actions des plus grandes entreprises européennes, est quant à lui en baisse de 0,71%. Rappelons cependant que les indices européens viennent de vivre trois séances consécutives de fortes hausses et que certains opérateurs sont tentés d'engranger leurs profits. La relative bonne tenue des marchés boursiers s'accompagne d'un net regain de forme du dollar. Très corrélé à Wall Street, le billet vert s'apprécie et regagne du terrain par rapport à la monnaie européenne. Vers 17 heures 30, l'euro valait 1,0622 dollar, après être même repassé sous le seuil de 1,06 dollar.Sur le marché pétrolier, l'imminence d'une intervention américaine en Irak et l'espoir d'une victoire rapide - ce qui n'affecterait pas gravement les approvisionnements - se traduisent par une dégringolade des cours de l'or noir. A Londres vers 18 heures, le baril de Brent perdait 1,76 dollar, à 27,72 dollars.
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