Bush veut injecter 670 milliards de dollars dans l'économie américaine

Objectif réélection. Sous couvert de relance économique, le plan dévoilé à Chicago par le président américain George W. Bush doit permettre au locataire actuel de la Maison Blanche de renouveler son bail.Au cours de son intervention, le président américain a affirmé qu'il voulait que "chaque Américain puisse trouver un emploi". Largement déflorées dans la presse, ces mesures, dont le coût est évalué à 670 milliards de dollars sur dix ans par le Trésor américain, doivent encore être adoptées par le Congrès où les Républicains ne disposent que d'une courte majorité. Le débat promet d'ailleurs d'être houleux: les leaders démocrates montent déjà au créneau, dénonçant un dispositif "taillé pour les riches". Ce plan baptisé "Agir pour renforcer l'économie américaine" est censé stimuler une économie en perte de vitesse à travers principalement des mesures fiscales en direction des particuliers et des entreprises. La principale et la plus spectaculaire d'entre elles consiste en l'abolition de l'impôt sur les dividendes versés aux actionnaires. Cette seule disposition devrait coûter quelque 300 milliards de dollars. Plus de 35 millions de ménages sont concernés. Le plan Bush prévoit également une accélération du programme de baisse de l'impôt sur le revenu et un relèvement du seuil à partir duquel les contribuables sont assujettis à l'impôt. D'après la Maison Blanche, plusieurs millions d'actifs changeront de tranche pour ne plus payer que 10 % d'impôts et ce, à compter du 1er janvier 2003. En outre, le plan détaille une augmentation du crédit d'impôt pour les familles modestes ayant des enfants à charges. Cette dernière mesure permettra à 34 millions de foyers de bénéficier d'un crédit d'impôt supplémentaire de 400 dollars par enfant. Selon la Maison Blanche, dès cette année, ces mesures devraient se traduire en moyenne par une réduction d'impôt d'un peu plus de 1.000 dollars par contribuable. Au total, le Trésor chiffre ces réductions à 98 milliards de dollars sur les seize prochains mois.Voilà pour le volet fiscal de ce plan qui comporte aussi des mesures en faveur des chômeurs. Selon la presse américaine, ce dispositif devrait inclure une augmentation des allocations chômage et des transferts de fonds du gouvernement fédéral aux Etats pour les aider à financer des programmes d'assistance sociale aux plus pauvres. Une allocation de 3,6 milliards devrait ainsi être versée aux Etats fédérés, pour mener à bien des actions auprès des personnes ayant des difficultés à retrouver un travail, et cela grâce à la création d'un "compte personnel pour l'emploi". Ces comptes, crédités chacun d'une somme pouvant aller jusqu'à 3.000 dollars, seront destinés à aider les personnes actuellement au chômage à financer des cours de recyclage, à payer la garde des enfants ou les frais de transport, par exemple. Ils pourraient concerner au total 1,2 million de demandeurs d'emploi. En novembre, le taux de chômage aux Etats-Unis s'est établi à 6%, soit son plus haut niveau depuis huit ans. Selon le Trésor américain, l'ensemble des mesures de ce plan permettra de créer 2,1 millions d'emplois lors des trois prochaines années. L'administration Bush estime que ce plan devrait re-dynamiser les dépenses de consommation et les investissements des entreprises. Les petites entreprises devraient être incitées à créer des emplois, grâce à des allègements fiscaux plus importants. Pour Ari Fleisher, porte-parole de la Maison Blanche, le but est d'obtenir "une accélération de la croissance dès cette année". En fait, il est plus probable que les effets de ce dispositif seront plus tangibles en 2004, année de l'élection présidentielle. Et même s'il s'en défend, il apparaît clairement que le président américain, avec ce train de mesures, se porte au secours de son électorat naturel. Pour Philippe Waechter, chef économiste de Banque Populaire Asset Management, ce plan "n'est pas pour l'ouvrier de Détroit préoccupé par la situation du secteur automobile". Il s'agit plus, à l'évidence, de redonner le moral et du pouvoir d'achat à des Américains sérieusement affectés par la chute des marchés boursiers.La question de l'efficacité de ce plan est malgré tout posée. Selon Philippe Waechter, "il soutiendra la croissance à court terme" mais ce soutien sera limité. A l'appui de son raisonnement, l'économiste revient sur l'impact de la baisse d'impôts lancée en 2001. Ce pouvoir d'achat supplémentaire n'a pas été totalement consommé, les ménages en ayant distrait une partie pour épargner et rembourser leurs dettes. En fait, seulement un quart des Américains ont accru leur consommation.
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