Réponse musclée de la BCE à la faible croissance des Douze

Souvent taxée d'immobilisme, voire de manque de vision économique, la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas fait les choses à moitié ce jeudi. Les gardiens de l'euro ont décidé de réduire d'un demi-point son taux d'intérêt directeur, le ramenant à 2%, c'est à dire son plus bas niveau historique. Cette décision était largement anticipée - et espérée - par les milieux économiques. Les dirigeants de l'institut monétaire avaient clairement laissé entendre au cours des derniers jours qu'ils se préparaient à faire un geste en raison du net recul de l'inflation en zone euro, nourri à la fois par la faiblesse de l'activité économique et la hausse du taux de change de l'euro. Le taux d'inflation de la zone est revenu en mai sous la limite maximale de 2% tolérée par la BCE, à 1,9%.Cette désinflation devrait se poursuivre selon le président de la BCE. Wim Duisenberg a indiqué que la Banque centrale européenne pariait sur une "baisse significative" de l'inflation en 2004. Ce pronostic et le constat que la BCE a dû abaisser ses prévisions de croissance pour la zone euro en 2003 et en 2004 militent en faveur de futures baisses du loyer de l'argent. S'il n'en précise pas le calendrier, Wim Duisenberg admet d'ailleurs que la Banque centrale européenne conserve une marge de manoeuvre pour baisser ses taux d'intérêt si nécessaire. Les membres de la BCE vont donc surveiller de près le rythme de l'activité au sein des Douze. Ils ont sans doute déjà noté qu'Eurostat, l'office européen de statistiques, a confirmé aujourd'hui que la croissance avait été nulle au premier trimestre. Quelques minutes plus tard, la Commission européenne a publié des prévisions peu enthousiasmantes.Bruxelles anticipe en effet une croissance comprise entre 0 et 0,4% au deuxième comme au troisième trimestre 2003. Dans leurs commentaires, les experts de Bruxelles soulignent que les indicateurs montrent une "faiblesse" de la demande à la fois intérieure et étrangère. Si elle n'a pas provoqué de remous sur les marchés d'actions, le choix de la BCE de réduire d'un demi-point le loyer de l'argent a en revanche été bien accueilli à Paris, où Jean-Pierre Raffarin a estimé que cette décision allait "dans le bon sens", mais surtout à Berlin. Le ministre allemand de l'Economie et du Travail Wolfgang Clement a salué cette initiative qui selon lui "renforce nettement les conditions préalables à une reprise économique". Entrée en récession au premier trimestre, l'Allemagne, dont l'inflation est tombée à 0,7% en mai, trouvait extrêmement restrictive la politique monétaire de la BCE. Sans se prononcer particulièrement sur l'Allemagne, le patron de la BCE a rejeté tout risque de déflation en Europe. Si l'assouplissement de la politique monétaire de la BCE devrait apporter une bouffée d'oxygène bienvenue, de nombreux économistes s'accordent à penser qu'une baisse du loyer de l'argent était une condition nécessaire, mais pas suffisante, à la reprise. En effet, la fin de la guerre en Irak n'a pas rimé, contrairement aux espérances de la BCE, avec un rebond significatif de l'activité. Par ailleurs, la hausse de l'euro vis à vis du dollar, si elle a permis de réduire les pressions inflationnistes, a aussi accru la pression sur les exportateurs européens et notamment allemands.Jeudi, la devise européenne a paradoxalement réagi à la forte baisse des taux de la BCE en remontant sensiblement face au dollar. En fin d'après-midi, elle s'établissait à 1,1865 dollar, contre 1,1643 dollar mercredi soir.
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