Le rebond boursier de 2003 reste à confirmer en 2004

Si 2003 ne restera certainement pas dans les annales comme une grande année boursière, elle aura au moins eu le mérite de marquer la sortie de la spirale baissière entamée à la mi-2000. De fait, tous les grands marchés mondiaux sont repartis de l'avant avec, il est vrai, des performances très contrastées selon les régions.Premiers au palmarès, les indices américains ont survolé les débats, affichant au 16 décembre 2003 une progression de plus de 21% pour le Dow Jones et une envolée de plus de 42% pour le Nasdaq (voir tableau). Une surperformance logique selon Michala Marcussen, directeur-adjoint de la stratégie et de la recherche économique chez Société Générale Asset Management, pour qui "les marchés américains ont tiré profit d'une reprise plus rapide favorisée par leur position de leader, d'une politique monétaire exceptionnellement accommodante et d'un dollar moins fort". Quant à la poussée du Nasdaq, il est tout à fait habituel que les valeurs technologiques soient les plus en vue en période d'éclaircissement économique. Le phénomène est également sensible en Europe où le compartiment technologique est celui qui s'est le mieux comporté (+37%) parmi les 18 indices sectoriels Stoxx.En Europe justement, la bonne surprise vient de l'Allemagne, où le Dax a gagné presque 34%. Un phénomène d'autant plus étonnant que l'économie locale est à la traîne comparée à celle des autres pays de la zone euro. En fait, alors qu'elle avait accusé la plus lourde baisse européenne en 2002, la Bourse allemande a surtout effectué un rattrapage par rapport aux autres places. "La tendance en 2003 a été à une égalisation des valorisations entre les différents marchés", fait remarquer Michala Marcussen. Les chiffres le prouvent puisque le marché allemand se paie désormais 13,7 fois ses bénéfices attendus pour 2004, soit globalement la norme actuelle sur le Vieux continent. Si ce ne sont pas les critères purement économiques qui ont soutenu le marché outre-Rhin, c'est bien en revanche l'environnement économique qui a été le moteur à Madrid - la croissance sur le dernier trimestre affichait un rythme annuel de 2,4%. De surcroît, le pays a pleinement profité de la baisse du loyer de l'argent qui, conjuguée à une inflation de 3%, a débouché sur des taux réels négatifs. Conséquence directe, le marché espagnol a cumulé des gains de 24% sur l'année, également soutenu par sa répartition sectorielle plus orientée vers les valeurs technologiques que les autres places européennes.La dispersion sectorielle, il en est aussi question pour analyser la moindre performance de quelques-unes des autres places (France, Pays-Bas, Belgique, Italie...), qui forment un peloton aux progressions annuelles inférieures (ou égales dans le meilleur des cas) à 14%. "Le marché français a une forte composante énergie. Or le secteur de l'énergie, qui avait fortement sur-performé les années précédentes, a sous-performé en 2003. En outre, dans ce secteur, les sociétés européennes ont été pénalisées par rapport à leurs concurrentes américaines par la baisse du dollar", constate Michala Marcussen. Le phénomène explique aussi en partie la performance décevante des Pays-Bas qui par ailleurs sont un peu en retrait sur le plan économique.Le climat économique restera d'ailleurs au coeur des préoccupations en 2004. Or, on sent à cet égard une certaine inquiétude. "Il manque une certitude quant à la croissance", note Aurel-Leven dans une étude récente. Les regards resteront également tournés vers le taux de change euro/dollar. Enfin, une possible remontée des taux au second semestre créerait un climat moins favorable. La vision sur la fin de l'année 2004 est donc encore assez floue. En revanche, le court terme devrait poser moins de problèmes. Le courant économique est porteur, "les valorisations sont raisonnables", souligne Michala Marcussen, les entreprises ont fait de considérables efforts sur leurs coûts et "les questions de dettes et de goodwill sont derrière nous", ajoute Aurel-Leven. Bref, il reste de la place pour une poursuite de la hausse en Bourse. C'est vrai pour les Etats-Unis malgré une prime de risque déjà faible : "l'année 2004 est une année électorale, ce qui historiquement a été plutôt porteur pour les marchés actions", rappelle une étude de Fidelity. Ca l'est encore plus pour l'Europe. Bien sûr, les marchés américains devraient conserver une partie de leur traditionnelle prime par rapport aux marchés européens. Mais les places du Vieux continent paraissent aujourd'hui plus attractives à certains observateurs. Attention toutefois, compte tenu des incertitudes concernant le second semestre, "la plupart des performances seront acquises sur la première partie de l'année", prévient Michala Marcussen.Au regard de la tendance historique et de considérations économiques, le Benelux pourrait, selon la spécialiste de SGAM, rester un peu en retrait. Mais si 2003 a été placé sous le signe du rattrapage et de l'alignement des valorisations entre les différentes zones géographiques, la thématique ne sera plus la même en 2004. Tout comme la filiale de la Société Générale, qui évoque "l'importance accrue de la sélection de valeur", Aurel-Leven conseille de rester "orienté vers le stock-picking", en ajoutant prudemment que certaines cycliques devraient être plus en vue en début d'année et que les technologiques devraient continuer à s'apprécier sur le moyen terme.Hormis ces quelques pistes, les professionnels ne semblent donc pas attendre de grand mouvement de masse (géographique ou sectoriel) pour l'année à venir. Et dans ces conditions, il est risqué de délivrer des prévisions chiffrées par marché. Aurel-Leven avance cependant un objectif concret : un CAC 40 à 3.900/4.000 points fin 2004.
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