Intenses bombardements sur Bagdad

Des milliers de fidèles convergeaient vers les mosquées de Bagdad dans la journée de vendredi, malgré les bombardements continus sur la capitale. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les frappes se sont intensifiées et auraient fait sept morts et 92 blessés selon les autorités irakiennes. Après avoir visé, ces derniers jours, la périphérie sud de Bagdad où se trouve un important camp militaire ainsi que le complexe présidentiel, les missiles américains ont cette fois atteint des objectifs au coeur de la cité. Le centre de contrôle de communication de la capitale a été touché par au moins un missile tadis qu'un autre centre de télécommunications a, lui, été réduit en cendres. Vendredi matin, un gand nombre de lignes téléphoniques ne fonctionnaient plus. Les tirs de la DCA irakienne ont été entendus une grande partie de la nuit, tandis que les missiles américains frappaient également le quartier où se trouvent, entre autres, les ministères de l'Information et des Affaires étrangères. Les cinq millions de résidents n'ont eu que quelques heures de répit : à l'aube, de fortes explosions, venant du sud où d'importants régiments de la garde républicaine sont supposés être concentrés, secouaient la capitale. Un immense incendie embrasait la rive ouest du Tigre, tandis que des colonnes de fumée orange étaient visibles à plusieurs endroits de la ville. Violents combats au sud de Bagdad, avancée des forces Kurdes au nordPar ailleurs, les forces de la coalition poursuivent leur lente progression vers la capitale du sud vers le nord, sur plusieurs axes. L'avant-garde de la 3ème division blindée US ne serait plus qu'à 80 km de la capitale selon l'AFP, mais à 140 kilomètres selon le ministre irakien de la Défense Sultan Hachem Ahmad. Citant une source militaire britannique anonyme, le Times de Londres, rapporte vendredi que les services de renseignement américains et britanniques ont sous-estimé la résistance des Irakiens, faisant croire aux hommes politiques que la victoire serait rapide et facile. Effectivement, les forces alliées se heurtent à une vive résistance des troupes irakiennes. Dans la région de Najaf et Karbala, deux villes saintes du chiisme situées à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad, de violents combats ont opposé les soldats de la coalition aux premiers éléments de la garde présidentielle irakienne. A Najaf, les affrontements auraient provoqué la mort de 26 civils et en auraient blessé 60 autres, selon le ministère irakien de l'Information. Plus à l'est, plus d'un millier de Marines du premier corps expéditionnaire avançaient vers Al-Kut (150 km au sud-est de Bagdad) en provenance de Nassiriyah. Selon Reuters, dans la journée de vendredi, les forces américaines faisaient une pause dans leurs opérations, regroupant certaines de leurs troupes en vue d'une prochaine offensive, qualifiée de décisive, sur la ville de Karbala à 160 kilomètres au sud de Bagdad. Au nord de l'Irak, un millier d'hommes de la 173e brigade de l'armée de terre américaine, ont été parachutés au Kurdistan dans la nuit de mercredi à jeudi, en vue de l'ouverture d'un nouveau front. Puis, la nuit dernière, des opérations aéroportées sur la piste d'atterrissage de Harir (nord-est d'Erbil, Kurdistan) ont permis l'acheminement de dizaines de véhicules militaires américains, jeeps ou camions, a constaté une journaliste de l'AFP. Parallèlement, grâce aux bombardements par la coalition de positions irakiennes, des combattants kurdes ont effectué une percée importante et se sont approchés à 20 kilomètres à l'est de Kirkouk, ville stratégique dans une zone riche en pétrole. Les "Peshmargas" kurdes ont ainsi repoussé la ligne de démarcation entre le Kurdistan autonome et le territoire sous contrôle de Bagdad. La stratégie américaine semble être la même qu'en Afghanistan, où les alliés avaient laissé les forces de l'Alliance du Nord avancer en première ligne vers Kaboul, tout en les soutenant par un pilonnage des positions des Talibans. Toujours au nord, des bombardements jeudi sur Mossoul, la plus grande ville de la région, ont fait "plus de cinquante victimes, morts ou blessés" selon la télévision qatariote Al-Jazira. Selon le ministre irakien de la Santé Oumid Medhat Moubarak, 350 civils irakiens ont été tués et 3.600 blessés dans tout le pays par les frappes américano-britanniques depuis le début de la guerre. Du côté de la coalition, 29 soldats américains et 20 britanniques ont trouvé la mort depuis le début de la guerre, selon les derniers bilans officiels des deux pays. La coalition renforce ses troupesRéunis à Camp David, George W. Bush et le premier ministre britannique Tony Blair ont affiché jeudi confiance et détermination, mais ont reconnu que le plus dur restait à faire pour les forces américano-britanniques. "Nous affrontons maintenant les unités les plus solides et les plus déterminées", a souligné le président américain. "La campagne qui nous attend demandera encore plus de courage et encore plus de sacrifices", a-t-il averti, en ajoutant qu'elle prendrait "le temps qu'il faudra". Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a réaffirmé en écho que les Etats-Unis étaient "plus près du début que de la fin du conflit", et a demandé au Sénat une rallonge budgétaire de 74,7 milliards de dollars pour financer la guerre et le début de la reconstruction. Le gouvernement britannique a lui aussi revu à la hausse son projet de budget pour la guerre, passé de 1,75 à à 3 milliards de livres (4,41 milliards d'euros), a indiqué le ministre des Finances, Gordon Brown. De plus, signe que la coalition n'envisage plus un conflit de courte durée, des renforts américains - 12.000 hommes et femmes appartenant à la 4e division d'infanterie de Fort Hood (Texas) - ont commencé à partir jeudi pour le Golfe. En outre, 120.000 GI's supplémentaires sont prêts à partir dans le Golfe, a annoncé jeudi soir le Pentagone. 250.000 soldats américains et 45.000 militaires britanniques sont déjà déployés dans la région et 90.000 soldats américains se trouvent actuellement à l'intérieur même de l'Irak. Sur le plan diplomatique, le débat qui s'est achevé jeudi au Conseil de sécurité de l'Onu a mis en relief l'isolement des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne au sein de la communauté internationale, préoccupée des conséquences humanitaires de la guerre. La Russie a durci le ton en appelant à arrêter une "action militaire illégale dont les répercussions sur le reste du monde se font déjà sentir", et à ramener la question irakienne au Conseil de sécurité de l'Onu. Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin a, lui, estimé que les Nations unies "devraient être au coeur de la reconstruction et de l'administration de l'Irak". Tony Blair a plaidé dans le même sens auprès de George Bush, mais ce dernier est resté discret sur ce sujet qui divise son administration. Les deux dirigeants ont en revanche souhaité la reprise immédiate du programme "pétrole contre nourriture", pour apporter une aide humanitaire à la population irakienne. Une résolution permettant la reprise de ce programme pourrait être votée dès vendredi, a annoncé l'ambassadeur d'Allemagne aux Nations unies. Devant les incertitudes croissantes sur la durée du conflit, les marchés boursiers poursuivent leur baisse : l'Euro Stoxx 50 abandonne vers midi 1,5%. A l'inverse, les cours du pétrole continuent de grimper : à Londres, à la mi-journée, le Brent valait 27,52 dollars, soit 77 cents au-dessus de son cours de clôture hier soir. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que la reprise économique mondiale est menacée.
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