Greenspan croit à la reprise américaine mais en ignore le timing

Fidèle à son habitude, Alan Greenspan a délivré mercredi un diagnostic tout en nuances sur l'état de santé économique des Etats-Unis. A peine opéré de la prostate, le président de la Réserve fédérale s'est exprimé devant une commission du Congrès. Le patron de la Fed a répété une nouvelle fois qu'il "continue de croire que l'économie américaine est bien positionnée pour croître à un rythme notablement meilleur que l'an dernier, même si le moment et l'ampleur de cette amélioration restent incertains". Si "l'oracle" de la Fed affirme distinguer "un faisceau d'éléments" convergeant vers la possibilité d'un rebond de l'activité économique au deuxième semestre, il prévient également que "malheureusement le chemin que va emprunter l'économie ne se dessinera que graduellement". Et il avertit que "dans l'intervalle, nous devons rester attentifs à la possibilité que la prudence des entreprises, si elle se poursuit, soit un obstacle à l'amélioration des performances économiques".Le comportement des entreprises est effectivement le principal sujet de préoccupation des autorités monétaires américaines. La fin de la guerre a certes apaisé une partie des inquiétudes des patrons aux Etats-Unis mais cela n'est peut-être pas suffisant pour les inciter à reprendre le chemin de l'investissement et des embauches. Alan Greenspan en fait d'ailleurs le constat, remarquant que si "les ménages semblent avoir quelque peu réduit leurs craintes sur les perspectives économiques" au cours des dernières semaines, en revanche "les nouvelles en provenance des entreprises n'ont pas révélé d'amélioration similaire". Il a donné pour preuve de cette prudence le fait que les demandes d'allocations chômage restent à un niveau élevé, ce qui laisse supposer "que les entreprises pensent être capables de satisfaire la demande en faible croissance de leurs clients avec des effectifs réduits". Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis qui seront publiés vendredi devraient permettre d'en savoir plus en la matière.Par ailleurs, et ce n'est pas anodin, Alan Greenspan a pointé du doigt le risque de désinflation, soulignant qu' "avec des prix déjà très bas, une désinflation plus importante serait malvenue". Les marges des entreprises seraient en effet soumises à rude épreuve et par voie de conséquence, leurs dépenses auraient à en souffrir. C'est mardi prochain que se réunit le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale. A l'écoute des propos balancés d'Alan Greenspan, il paraît difficile d'envisager une baisse du loyer de l'argent. Néanmoins, le statu quo monétaire pourrait s'accompagner du retour du "biais baissier". Cela indiquerait aux marchés que la Fed veillera au grain si la reprise annoncée tarde à se concrétiser. Ceci étant, la marge de manoeuvre de la Réservé fédérale est étroite: à 1,25%, le taux des fonds fédéraux est au plus bas depuis le début des années 60.
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