Duisenberg ouvre franchement la porte à la baisse des taux

A deux jours de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), le président de l'institution francfortoise a dissipé les derniers doutes qui pouvaient exister quant à l'attitude des gardiens de l'euro jeudi. Lors d'un colloque à Berlin, Wim Duisenberg a indiqué que la BCE allait prendre en compte "dans ses délibérations de politique monétaire" le recul de l'inflation en zone euro. Le président de la BCE souligne que "globalement, les pressions inflationnistes ont décliné de manière significative au cours des derniers mois, et l'appréciation de l'euro n'a pas joué le moindre des rôles dans cette évolution". Ces propos, après le retour de l'inflation en mai sous les 2%, renforcent le sentiment au sein des économistes que la BCE va baisser ses taux. Dans leur majorité, ces derniers attendent même une réduction agressive de 50 points de base qui ramènerait le loyer de l'argent à 2% contre 2,5% aujourd'hui. A cette accalmie sur les prix vient s'ajouter la morosité du climat économique dans la zone euro. Même s'il ne rentre pas officiellement dans les attributions de la BCE de stimuler la croissance, il apparaît de plus en plus clairement qu'une baisse des taux d'intérêt est désormais nécessaire pour redonner un peu d'air à une économie en panne. Récession en Allemagne et aux Pays-Bas, croissance molle en France: la zone euro traverse une passe difficile et Wim Duisenberg le reconnaît volontiers lorsqu'il souligne que la croissance économique devrait rester "faible tout au long du premier semestre 2003" avant de connaître "une certaine accélération au second semestre de cette année et par la suite". Dans les rangs du Fonds monétaire international (FMI), on se fait plus sévère au moment de juger les performances de la zone euro. Dans leur revue annuelle, les experts du Fonds jugent la croissance 2003 "décevante" pour la troisième année consécutive. Une nouvelle fois, les économistes du FMI renouvellent leur mise en garde concernant la possibilité de voir l'Allemagne vivre "une période temporaire" de déflation qui ne serait pas étendue à la zone euro. Dans ce contexte, le FMI estime qu'il existe "une marge considérable" pour baisser les taux, ce qui permettrait de "favoriser la reprise de la croissance". Pour l'instant, le FMI estime d'ailleurs que les "conditions d'une reprise durable ne sont pas réunies". Parmi les réformes urgentes que préconise le FMI figure notamment le recul de l'âge de la retraite. Un départ à la retraite plus tardif "doperait la croissance et réduirait les pressions sur les systèmes publics de retraite", fait valoir l'organisation internationale. "L'inévitable réduction de la 'générosité' des versements" due au vieillissement de la population "devrait être contrebalancée par de plus fortes incitations aux départs plus tardifs à la retraite", précise le FMI. Cette prise de position intervient au moment où en France et en Autriche se déroulent des manifestations contre la réforme des systèmes de retraite.
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